De l’argent contre du confédéralisme

Un éditorial de Stéphane Tassin publié dans La Libre du 16 décembre 2021

Les finances wallonnes sont sous tension. Les dépenses explosent, le déficit se creuse et la dette va s’aggraver dans les années qui viennent. En Fédération Wallonie-Bruxelles, on se demande, avec inquiétude, presque chaque année, si la faillite est pour bientôt. Quant à Bruxelles, les constats sont tout aussi alarmants en matière de déficit et de dette. Rappelons encore que certains transferts financiers vers les entités fédérées s’arrêteront bientôt et que les investissements massifs du plan de relance annoncé par la Wallonie ne sont pas encore porteurs de retours positifs.
Ce plan de relance, d’ailleurs, les syndicats et les patrons n’y croient pas, tant il est peu cohérent à leurs yeux.

En 2024 [ndlr : l’échéance tombera sans doute avant 2024], il faudra bien rendre des comptes. Lors de cette importante année électorale – nous voterons pour l’ensemble des niveaux de pouvoir – les finances des différentes entités seront scrutées à la loupe. Et tous ceux qui prédisent encore qu’une réforme de l’État sera indispensable pourraient bien le regretter. Parce que, tout d’abord, il n’est pas certain que les partis flamands qui seront disposés à discuter [ndlr : N-VA, voire Belang du côté flamand] d’une septième réforme soient ceux que les partis francophones attendent. Et même si ce devait être le cas, les francophones pourraient très bien devoir laisser tomber les quelques exigences qu’ils auraient préparées. Pour les troquer contre de l’argent et une réforme de la loi spéciale de financement. Parce qu’ils n’auront pas le choix. Parce que les partis flamands pourraient en profiter pour faire advenir ce fédéralisme poussé à l’extrême que certains nomment « confédéralisme » en profitant de la faiblesse financière de la Wallonie, de Bruxelles et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Cette septième réforme de l’État serait, alors, la plus déséquilibrée de toute l’histoire belge, pour la partie francophone du pays en tout cas. Il faut y penser dès à présent, pour l’avenir des Wallons et des Bruxellois d’abord. Ensuite, pour ne pas être dans trois ans des mendiants, ce qui, convenons-en, est pire encore que des demandeurs de rien.

Illustration : Bruegel, Pieter – Pays-Bas du Sud, Musée du Louvre, Département des Peintures, RF 730 – https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010061789 – https://collections.louvre.fr/CGU