Le 27 novembre 1382 : une histoire omise

Pour changer de l’actualité anxiogène du Covid, voici une bataille célèbre qui n’est mentionnée dans aucun manuel scolaire belge, enfin pour les élèves qui en reçoivent encore un.
Il s’agit de la bataille du Mont-d’Or qui se déroula le 27 novembre 1382 à Roosebeke (actuel Oostrozebeke), une bourgade de l’actuelle Flandre occidentale.
Une énième révolte des communiers flamands, des tisserands gantois en l’occurrence, plus proches des Anglais avec qui ils faisaient commerce que de leur suzerain le roi de France et de son allié du jour le comte de Flandre Louis II de Male.
Dans la plaine de la Flandre, 40000 Flamands affrontèrent l’ost royal qui ne comprenait que… 16000 hommes de guerre. Retranchés sur un monticule (le Mont d’Or ou « Goudenberg » a d’abord été arasé puis récemment loti), les Flamands du tribun gantois Philippe Van Artevelde tenta dans l’aurore couverte d’une épaisse brume d’attaquer les Français par la ruse. Pas de chance pour eux, la brume se dissipa subitement et les assaillants eurent le soleil de face.
Grâce une habile manœuvre tactique, les Français parvinrent à encercler les troupes flamandes et, en les pressant de tous côtés, à les faire périr d’étouffement. 26000 Flamands au visage bleui restèrent sur le carreau et les fuyards s’égarent dans les roseaux et les marécages où beaucoup se noyèrent.

Après cette écrasante victoire, le connétable Olivier de Clisson et Philippe le Hardi s’emparèrent de Courtrai qu’ils mirent à sac selon les mœurs cruelles de la plupart des guerres et reprirent  les fameux éperons d’or prélevés sur les cadavres des chevaliers français à la Bataille des Éperons d’Or qui s’était déroulée 80 ans auparavant. Comme quoi, déjà à l’époque, la vengeance était un plat qui se mangeait froid. Ils emportèrent également le Jacquemart du beffroi de la ville. Celui-ci orne encore aujourd’hui l’église Notre-Dame à Dijon.

Deux ans plus tard, cette victoire permit à Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, de prendre plus facilement possession du comté de Flandre à la mort de son beau-père Louis de Male, allié du roi de France. C’était le début d’une période faste sans précédent pour nos contrées selon l’écrivain Bart Van Loo (Les Téméraires, Flammarion, 2020), un faste que l’on doit à… des princes français de sang royal !
Dans ses Chroniques, Froissart relate la tragique bataille en vieux français :
« Là, fut un mons et un tas de Flamands occis, moult long et moult haut ; et de si grand foison de gens morts qu’on y vit oncques si peu de sang issir qu’il en issit [s’écouler], et c’estoit au moyen de ce qu’ils estoient beaucoup d’esteints et étouffés dans la presse… »

Le RWF ne versera jamais dans le nationalisme romantique, comme ce fut longtemps le cas du mouvement flamand. Ni dans le nationalisme tout court.
Cet article veut simplement mettre en lumière un fait historique tout à fait ignoré en Belgique et qui se situe dans le prolongement de la bataille des Éperons d’Or mythifiée au 19e siècle.

Source principale : Wikipédia

Illustration : Benh Lieu Song (l’auteur n’a aucun lien avec le RWF.
Le Jacquemart sur la tour de l’église Notre-Dame à Dijon (zoomer deux fois).