Yves de Wasseige, sénateur honoraire

« Il faut tout mettre sur la table, y compris la dette de l'Etat et la charge des pensions. Et partager la dette publique signifie qu'il faille trouver des critères, tels que le produit intérieur brut, la capacité d'épargne et l'importance des travaux publics et des dépenses d'investissement par les pouvoirs publics ces 40 dernières années. Évidemment, si on en arrive à ce stade il est clair que tout le reste peut être partagé, d'autant qu'une partie des compétences nationales sera transférée au niveau européen. Je ne vois pas ce qu'il serait encore utile de garder en commun, chacune des trois entités devrait donc avoir son autodétermination. D'autre part, l'Europe aura une monnaie commune, des règles communes, sans pour autant que soit concrétisée l'Europe des Régions. Il faudra donc nécessairement que chacune des régions s'accroche à un État : Bruxelles devient un district européen. La Wallonie a deux choix : faire alliance avec la France, mais avec des statuts spéciaux. L'Alsace a obtenu un statut spécial pour l'enseignement, ce qui prouve que c'est effectivement réalisable, y compris dans une France que l'on dit jacobine et centralisatrice. Il ne s'agit pas d'une vision rattachiste dans le cadre d'un retour à quelque chose qui aurait dû se faire depuis longtemps », précise-t-il, « mais d'une vision d'avenir. J'estime que nous avons tout intérêt à nous accrocher à une grande puissance qui est déjà présente, économiquement, dans notre région. À terme, il y aura des regroupements d'États, sous forme d'associations, de manière à pouvoir peser sur les décisions européennes. Ils (les Flamands n.d.l.r..) utilisent de grands mots pour nous faire peur et faire monter la pression pour la future négociation. Ce que nous devons dire, c'est justement que nous n'avons pas peur, que des solutions, on en a, en cas de disparition de la Belgique. Reste que les Wallons ont tout intérêt à s'activer dès maintenant : nous devons accrocher le wagon wallon au train français en nouant toute une série d'accords, culturels, économiques, sociaux, et en favorisant les participations croisées entre entreprises wallonnes et françaises. »

(Le Peuple, 13 juillet 1996)


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