L'Alliance N-VA-PS, un désolant remake ?
Carte blanche d'Etienne Duvieusart, ancien sénateur R.W.

La mainmise exercée sur les négociations institutionnelles avec une suprématie totale sinon exclusive par le tandem N-VA/PS évoque la complicité, à vrai dire contre-nature, qui a uni, dans la période 1936-1940, le nationalisme fla­mand et le défaitisme du parti socialiste conduit par Emile Vandervelde, défaitisme prôné à l'époque sous la dénomi­nation de pacifisme.

Cette complicité avait causé le splitsing de l'armée et l'af­faiblissement du moral des troupes, l'impréparation de no­tre défense et l'adoption d'une stratégie qui, désertant l'Ar­denne et établissant la ligne de défense Wavre-Louvain, vi­sait uniquement et ouvertement, comme l'a reconnu le général Van Overstraeten, à détourner sur la France l'offen­sive allemande. On en connaît les résultats.

Aujourd'hui, l'objectif institutionnel de M. De Wever, à sa­voir la disparition de la Belgique, inscrite à l'article premier de son programme, est exactement celui que défendaient les Auguste Borms et Staf De Clercq, même si les moyens diffèrent totalement. L'annonce en préliminaire des négo­ciations par M. Di Rupo de son acceptation de principe de la révolution copernicienne voulue par M. De Wever ré­sonne comme une capitulation avant le combat. Au sur­plus, son abandon, de facto, du front francophone rappelle dangereusement la politique dite de neutralité d'avant-guerre en vertu de laquelle la Belgique s'était dissociée de ses alliés traditionnels. On sait que cette politique fut éminemment et exclusivement favorable aux intérêts alle­mands. Et ce ne sont pas les rumeurs qui circulent quant au ralliement du président du PS à l'annexion de BHV par la Flandre, prélude à l'encerclement flamand et à l'annexion de Bruxelles, qui sont de nature à nous apaiser.

A ceux qui, faisant complaisamment oubli des violations de droits fondamentaux dans la périphérie bruxelloise, op­poseraient les garanties bétonnées que la Flandre annonce­rait, on rappellera simplement les paroles du ministre belge des Affaires étrangères en 1937 : « J'estime que la ga­rantie d'inviolabilité donnée par l'Allemagne à la Belgique est au-dessus de tout doute. » Ce ministre, qui depuis lors a viré sa cuti à 100 %, n'y croyait lui-même guère car dans ses « Mémoires » il tente de justifier qu'une telle politique aurait été « la seule possible, la seule qui maintenait le pays uni, la seule qui lui permettait de survivre »... Comme on a pu le voir en 1940 ! N'est-ce pas ce même argument qui est res­servi à chaque reculade des francophones ? Lâchez ou il n'y aura plus de Belgique.

Nous sommes donc en droit de dire à M. Di Rupo : « Ne reve­nez pas de vos parlottes communautaires en déclarant comme Chamberlain ou Daladier, de retour de Munich, que les aban­dons consentis étaient le prix à payer pour la paix d'une géné­ration. Ne dites pas que vous lâchez Bruxelles pour sauver la Belgique car chaque reculade est la mère de la suivante. La presse en témoigne : il reste assez de dignité et de réalisme wal­lons et bruxellois pour refuser d'aller, consentant, à l'humi­liante défaite que M. De Wever et ses séides veulent imposer.»

Et si votre ferme résistance jointe à vos talents de négocia­teur n'entame pas la ferme intention de M. De Wever de mettre fin tôt ou tard à la Belgique, n'en prenez surtout pas la responsabilité en leur abandonnant aujourd'hui pour une médiocre survie temporaire les armes et les atouts qu'ils veulent s'approprier avant de quitter le navire.

Sinon, vous mériteriez l'admonestation de Churchill aux revenants de Munich :
« Vous avez accepté la honte pour éviter la guerre, vous aurez la honte et la guerre. »


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