Belgique : la fin est proche - 10 mai 2010

par Luc Rosenzweig, ancien correspondant du journal Le Monde à Bruxelles

[...] Cela nous amène à la Belgique, où les dernières péripéties de l’affrontement entre Flamands et Francophones ont encore provoqué la chute du gouvernement et la convocation de nouvelles élections. Celles-ci devraient voir les mouvements autonomistes et indépendantistes flamands monter et puissance et les partis dits “traditionnels” de Flandre faire assaut de surenchères nationalistes pour ne pas perdre trop d’électeurs.

Ironie de l’Histoire, c’est l’Open VLD, le parti flamand le moins porté, jusque-là à faire monter la tension communautaire, qui a provoqué la crise en prétextant le retard pris dans les négociations pour la division de l’arrondissement électoral et judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde, dit BHV.

C’est le parti de l’ancien Premier ministre Guy Verhofstadt, aujourd’hui président du groupe libéral du parlement européen, qui s’était récemment mis en colère contre la France de Sarkozy à propos du défunt débat sur l’identité nationale…En bonne logique, il devrait quitter un parti qui se laisse aller à une dérive identitaire et nationaliste de cette ampleur, mais en Belgique, on peut très bien vivre sans logique, ce qui n’a pas que des inconvénients…

Ceux qui connaissent un peu la question, pour avoir vécu et travaillé au pays de Magritte et d’Eddy Merckx, sont aujourd’hui persuadés que l’aspiration nationale flamande est irrépressible, et que le jour approche où la coquille belge aura été vidée de tout contenu, laissant les deux communautés linguistiques à leur destin séparé, et le roi tout nu en son palais de Laeken.

Mais les avis divergent sur l’avenir des Francophones de Wallonie et de Bruxelles. Certains observateurs, comme l’excellent José-Alain Fralon, croient à la possibilité du maintien d’une “Belgique résiduelle” un royaume croupion rassemblant Wallons et Bruxellois, avec un statut spécial, voire international, pour la capitale de l’Union européenne.

D’autres, comme votre serviteur, ne se laissent pas abuser par les réticences de la classe dirigeante francophone à envisager la seule issue possible à l’éclatement du pays : l’intégration de la Wallonie et peut-être de Bruxelles à une République française seule à même de nettoyer les écuries d’Augias d’une région minée par la corruption, le clientélisme politique et la gabegie financière et administrative.

Il ne faudrait pas six mois, en effet pour que cette “petite Belgique” se retrouve dans la situation grecque. On devrait, à Paris, cesser de croire aux balivernes des prébendiers d’outre-Quiévrain, et lancer quelques signaux montrant que l’on n’est pas totalement indifférent à l’évolution de la situation.

Les réactions populaires pourraient être surprenantes…

L'article de Luc Rosenzweig dans son intégralité

Sujet transmis par Gérard P.


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