Kesterheide (Gooik) : lieu mythique d’une certaine Flandre - 6 avril 2010

Revendiqué par le Vlaams Belang comme son père spirituel, Staf De Clercq (1884-1942), dirigeant du VNV, est né à Everbeek, une commune située à la limite des  Provinces de Hainaut et de Flandre orientale. Lors des fâcheuses lois linguistiques de 1962, elle fut rattachée à Brakel, compte tenu de la majorité néerlandophone qui la composait.

Mais le leader flamand, qui collabora sans réserve avec l’occupant nazi, a passé la plus grande partie de sa carrière à Kester, un village qui, depuis la fusion des communes, fait partie de l’entité de Gooik administrée par le meneur CD&V de la scission de BHV, Michel Doomst.

Staf De Clercq avait pris pour habitude de fixer ses meetings au Kesterheide, le sommet du Brabant flamand (112 m), un  point géodésique, surnommé bien plus tard... « l’homme de fer » (De Ijzeren Man). Par temps dégagé, il permet d’apercevoir la ville de Bruxelles.

En 1942, Staf De Clerck décède d’une crise cardiaque. Son mouvement, fort de 100.000 membres, déplace, un an plus tard, sa dépouille au Kesterheide. Un lieu particulièrement bien balisé par la commune de Gooik.

A la Libération, la Résistance dynamita le monument funéraire, comme elle le fit à Diksmuide avec le monument de l’Yser.

En 1978, le VMO, milice privée d’extrême droite, sous la houlette de Bert Eriksson,  se lança dans « l’opération Delta » afin de réinhumer Staf De Clercq - dont la tombe devenue anonyme se trouvait à Leerbeek (Gooik) -, au cimetière d’Asse.

Lors de la cérémonie du souvenir se trouvaient présentes des personnalités politiques flamandes de premier plan, parmi lesquelles Vic Anciaux, le père de Bert Anciaux, Paul Van Grembergen et Jaak Gabriels (actuel VLD).
Tous étaient membres de la Volksunie, l’ancêtre de la N-VA et du défunt Spirit.
Leo Vanackere, à l’époque secrétaire du CVP (actuel CD&V), sénateur et gouverneur, éphémère, de la Province de Flandre occidentale, était également de la partie. Ce dernier aurait joué un rôle clé dans l’issue favorable de cette opération. Leo Vanackere est le père du Ministre des Affaires étrangères Steven Vanackere, ce qui ne signifie nullement que celui-ci lui est lié d'un point de vue idéologique.

En 1972, un domaine militaire (centre de communications), d'accès interdit, est construit au Kesterheide : l’architecture étrange du monument semblerait (avec toutes les réserves d'usage puisqu'il ne s'agit que d'une simple hypothèse) reproduire l’emblème du VNV, c’est-à-dire un triangle équilatéral, ou delta, inscrit dans un cercle et marqué par des traits. Le domaine militaire est parfaitement visible sur une photo de Google Earth. Ainsi que le Calvaire du Kesterheide, le lieu des meetings, cerclé de rouge, pour les besoins de l'article.

Coïncidence ? Peut-être... Mais tout le monde se souvient du bâtiment de la Marine américaine, qui reproduisait une croix gammée, ou de la fontaine de la commune limbourgeoise de Maasmechelen passionnée par le même symbole, le tout uniquement visible du ciel.
Bien avant la diffusion planétaire des images satellites.
Le bâtiment se trouve à cent mètres de l'ancien lieu de rassemblement du VNV.

Le blog de Marcel Sel et les diatribes de Staf De Clercq (en caractères gras)

En mars 1999, une association flamande dénommée BOKS a fait inaugurer par le Prince Laurent un ensemble statuaire dédié aux enfants victimes de la mucoviscidose. Si la composition - des enfants affligés entourant des arbres -, est empreinte d'humanisme et se trouve assez loin du lieu mythique du VNV, il n’empêche que le panneau communal ou régional (et donc officiel) qui porte la devise de l'association philanthropique, « Pervivo », est planté à deux pas du Calvaire lié à Staf De Clercq.
« Pervivo », du latin, se traduit par « Je continue à vivre ».
Il s'agit évidemment d'un pur hasard...

Le Kesterheide sur le site d'une section du Belang

Pour l'anecdote, depuis 1974, une partie du Kesterheide est consacrée au plus beau circuit de moto-cross de Flandre, à gauche du domaine militaire, et la commune de Kester se trouve à quelques kilomètres et dans l'axe (Halsesteenweg-Ninoofsesteenweg à Meerbeke) de l'arrivée du mythique Tour des Flandres. Celle-ci a été fixée en 1973. En trois ans (le domaine militaire inauguré en 1972), cette région du Pajottenland a donc connu trois événements importants.

En 1990, la commune de Gooik, dont Michel Doomst venait d'être élu bourgmestre (1988), a entrepris la restauration de la pierre tombale (rechercher "1990" sur la page pdf) de Staf De Clercq, comme s'il s'agissait d'une priorité !

CEGES (184 photos à cliquer) ; la veuve de Staf De Clecq fait le salut nazi

En 2004, l’Ijzewake, une dissidence radicale du Pèlerinage de l’Yser, rendit un vibrant hommage au leader du VNV.

Marc De Mesmaecker, échevin de Hal, une entité limitrophe de celle de Gooik, et membre du Bureau politique de la N-VA, y était présent.

Pour ce qui concerne l’actuel président de la N-VA, et sans céder à la tentation facile du moindre amalgame avec tout ce qui précède, rappelons que :

  • Bart De Wever n’a jamais dénoncé explicitement les exactions du VNV au sein duquel militait sa famille ;
  • Le jeune Bart De Wever a posé, le sourire aux lèvres, aux côtés de Jean-Marie Le Pen ;
  • Bart De Wever a tenu à assister aux funérailles de Karel Dillen, le fondateur nazi du Vlaams Blok/Belang ;
  • Bart De Wever a minimisé le rôle de la police d’Anvers dans la rafle des juifs en 1942 et réprouvé les excuses de Patrick Janssens, bourgmestre de la métropole, vis-à-vis de cette communauté. Avant d'effectuer une courbe rentrante suite au tollé suscité par ses propos ;
  • Bart De Wever a donné des conférences au NSV, l’association néo-nazie d’étudiants proches du Vlaams Belang ;
  • Bart De Wever a traité les francophones de la périphérie d’émigrants en Flandre ;

Pour toutes ces raisons, la déclaration d’Olivier Maingain, président du FDF, qui compare la non-nomination des bourgmestres des trois communes de la périphérie à l’occupation de la Belgique par l’Allemagne nazie, qui nommait des bourgmestres de complaisance (compte non tenu de l'ignominie du génocide juif)  apparaît comme juste.

Le mémoire de Bruno De Wever, le frère de Bart, sur le VNV (en néerlandais)

Didier Reynders soutient Olivier Maingain


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