10ème Congrès du R.W.F. - 30 janvier 2010

Message de Paul-Henry Gendebien
Co-Président du R.W.F. (Rassemblement Wallonie-France)

Nous avons connu les censures, le mépris, les menaces parfois. Il y eut des infiltrations suspectes et des défections douteuses. Mais, depuis 10 ans, ensemble nous avons tenu bon. Si nous avons tenu, c'est tout simplement parce que notre cause est juste ! Et parce que notre programme, notre ligne, notre comportement sont crédibles, à la hauteur de notre objectif.

Notre rassemblement est une famille démocratique et pluraliste, représentative de la population wallonne et bruxelloise. Vous êtes restés unis, vous avez résisté aux vaines tentatives de déstabilisation : je vous en remercie au nom de cette cause qui nous est chère et qui est supérieure à toutes les péripéties.

Notre cause, c’est notre réunion à la France. Et nous sommes le seul porte-parole visible, organisé et sérieux de ce combat ! Vous pouvez et vous devez en être fiers. Il y a dix ans, l’idée du rattachement à la France était peu connue, on la caricaturait comme une utopie ou une folie. Aujourd’hui, elle se diffuse dans la presse locale et internationale, dans les conversations, dans les têtes. A l'occasion des élections de 2003, 2004, 2006, 2007 et 2009, nous avons distribué plus de 3 millions de tracts au total. Ainsi avons-nous certainement contribué aux résultats du fameux sondage du Soir, en juillet 2008, donnant près de 50% de Wallons et 60% de Français favorables à notre projet... Oui, nous avançons. Oui, nous avons très largement provoqué une double prise de conscience, celle de l'échec du fédéralisme belge et celle de l'absolue nécessité d'une solution avec et grâce à la République française.

Les membres du parti, et en particulier les militants ici présents, soutiennent la ligne du parti, qui est celle de la fidélité à notre Manifeste. Merci de participer à cette refondation, à ce nouveau départ. Merci pour la confiance apportée à la nouvelle Direction, rajeunie et renouvelée. Une relève se prépare. Les hommes passent, la cause demeure. J'espère qu'il me sera possible de passer complètement la main d'ici à la fin de 2011. D'ici là, notre collégialité, qui existe déjà, sera renforcée et les tâches mieux partagées. Je veux ici dire toute ma reconnaissance à tous ceux qui nous ont aidés, au Bureau Exécutif ou dans les Arrondissements.

Notre mission n'est pas terminée !

Vous le savez : notre mission n'est pas terminée. L'Etat belge va connaitre de nouvelles secousses graves, de nouvelles crises existentielles. Il ne faut pas s'y tromper, même si notre presse francophone se met la tête dans le sable : ce qui est important ce n'est pas la prédication belgicaine et insipide d'Albert Il le soir de Noël ; ce qui compte c'est que M. Bart De Wever soit au sommet de l'échelle de popularité en Flandre.

Ce qui compte, c’est l'addition, dans les sondages les plus récents des voix qui se portent sur le Vlaams Belang (17%), la N-VA (15%), la Liste Dedecker (7%), soit 39% contre seulement 22% au parti de M. Leterme. Ce qui compte, c'est que le parti le plus puissant en Flandre est le parti nationaliste et séparatiste. Il va bientôt multiplier les coups de boutoir dans la perspective du prochain scrutin législatif.

Ce n'est pas le moment de nous reposer. Mobilisons-nous ! Les événements qui s'annoncent vont confirmer nos analyses et consolider nos positions. En effet l’Etat belge est plus fragile que jamais et ressemble de plus en plus à un vase fêlé. D’autre part, les partis traditionnels, belgicistes et monarchistes, sont sur la défensive. Ils redoutent la force flamande sans y opposer une stratégie ou un projet.

Nous, au R.W.F., nous avons ce qu'ils n'ont pas : la certitude, l'espérance, et la force morale d'un mouvement d'émancipation, dont les racines sont à la fois profondément historiques et populaires. Tout l'indique : nous allons continuer le combat dans de meilleures conditions qu'en 2009 car les prochaines élections seront largement « communautaires », de toute évidence.

Nous sommes les continuateurs du Mouvement wallon !

Notre responsabilité est considérable. Car nous sommes le Mouvement wallon, nous sommes son expression politique, mais avec une dimension nouvelle.

Certes, nous poursuivons l'œuvre de ceux qui ont dénoncé, dans la période d'avant-guerre, la politique dite d'indépendance et de neutralité (en fait de complaisance à l'égard de Berlin) imposée par la Flandre, mais aussi par Léopold III et par Spaak.

Et nous rejoignons ceux qui, au Congrès de Liège de 1945, tournèrent leur regard vers la France. Nous marchons aussi sur les traces de ceux qui dans les années 60 et 70 entamèrent la rupture avec l'ancien Etat belge. Cependant, il ne s'agissait pas, à époque, d'une rupture définitive, elle n'était qu'esquissée, elle resta inachevée et bien vite le Mouvement wallon officiel, récupéré par les partis de pouvoir, n’en parla plus.

Il ne faut pas mépriser ni renier ce qui fut accompli par les générations précédentes, mais il faut en constater les limites et les échecs. Et en rechercher l'explication. Elle se trouve, à mon sens, dans l'inexistence d'un véritable sentiment national wallon. C'est pour cela que les élites wallonnes ont toujours négocié des compromis, forcément boiteux, et des marchandages, forcément indignes, avec le régime belge.

Les demi-mesures obtenues depuis cinquante ans par le Mouvement wallon se sont traduites par une conséquence dramatique : le fédéralisme belge allait organiser, légaliser, constitutionnaliser le statut de minorité de la Wallonie et de Bruxelles dans l'Etat belgo-flamand, mais un statut de minorité non protégée.

Il y a trente ans encore, de bons Wallons avaient pensé que le fédéralisme ne serait qu'une étape obligée, nécessaire, pour sortir de prison et nous passer définitivement de l’Etat belge. Erreur ! En réalité, le fédéralisme nous a enfermés à double tour tout en donnant aux Wallons et aux Bruxellois l'illusion de la liberté. Beaucoup d'entre eux ont oublié que les combats d'émancipation sont parfois longs et éprouvants, que seule une victoire complète peut les conclure. Aujourd’hui, beaucoup de dirigeants wallons placent l'Etat belge avant la Wallonie. Beaucoup semblent même gênés du beau nom de Wallonie : lorsqu'il était Ministre Président à Namur M. Di Rupo avait accrédité le vocable « Région wallonne de Belgique... »

Le R.W.F. : un parti aiguillon

On le voit bien : notre combat est par essence un combat wallon puisque son objectif est de débelgifîer la Wallonie et de lui rendre toute son identité française. Nous devons restituer la France à la Wallonie et restituer la Wallonie à la France. Sans négliger d'y amener Bruxelles également.

C'est ainsi que nous accéderons finalement à l'existence politique pleine et entière Et que nous renouerons avec notre propre vérité.

Dans l'immédiat, ici et maintenant, nous devons dénoncer sans relâche un régime fédéral qui se montre totalement incapable d'établir un équilibre dans l'appareil d'Etat. Ce que nous voyons, au contraire, c’est une diminution du poids politique de la Wallonie dans le pouvoir central. Au sein du Gouvernement fédéral, la plupart des fonctions de pouvoir réel sont occupées par la Flandre. Depuis 1973, il n'y a plus de Premier Ministre wallon, et aujourd'hui des secteurs clés tels que les Affaires étrangères, la Défense ou la Police fédérale sont dominés par la Flandre, ce ne sont là que des exemples…

Devant cette situation, la classe politique francophone garde le silence, elle se couche, elle semble frappée d'anémie.

Alors que notre peuple wallon a donné autrefois tant de preuves de ses talents et de ses capacités, tant de signes de légitime fierté, le voilà aujourd'hui réduit à n'être qu'une des régions économiquement les plus fragiles d'Europe et administrativement les plus mal gérées. Nos élites officielles en sont largement responsables.

La Wallonie de 2010, c’est une identité meurtrie, parce qu'inachevée. C'est un destin interrompu qui ne parvient pas à s'inscrire dans l’Histoire, c’est un déficit d'espérance.

Préparer l'avenir de nos enfants

Si le R.W.F. existe, c’est justement pour préparer un avenir, pour retrouver un espoir, pour rendre une ambition à notre population.

Il y a pour le R.W.F. une ardente nécessité, celle de rester debout. Cela signifie qu'il ne faut pas dévier, qu’il faut refuser tout  opportunisme et toute ambiguïté.

Je le confirme solennellement : il n'y a pas de compromis possible entre l'indépendantisme wallingant et la réunion à la France. Même si les vieux mouvements classiques ont été incapables de choisir, notre devoir à nous est de choisir. Nous l'avons fait en créant le R.W.F. Nous gardons le cap.

On ne peut pas se vouloir simultanément un peu belge, un peu wallon, un peu français.

Nous sommes totalement wallons et français. Tout reliquat de belgitude doit être éliminé. Demain il ne sera donc pas question de conserver, comme le voudraient certains, les anciennes législations belgo-wallonnes, les anciens modes de fonctionnement belgo-wallons, les anciennes mauvaises habitudes belgo-wallonnes.

C'est seulement par l’intégration à la France que nous retrouverons l'efficacité politico-administrative, le redressement économique, une fiscalité plus juste pour les petits revenus, une sécurité sociale garantie à long terme, le paiement de nos pensions assuré.

C'est seulement par l'intégration sans réserve à la France que nous serons délivrés des malheurs d'un non-Etat, des excès du régime des partis, des réflexes de mendicité, d’un populisme provincial et dégradant à la façon Daerden... En bref, que nous redeviendrons une vraie société politique.

J'ai dit « intégration ». Nous n'avons jamais parlé d'annexion. Même si certains nous en ont accusé avec la plus parfaite mauvaise foi. Depuis toujours, nous avons précisé qu'il y aura négociations, qu'il faudra des transitions et donc des régimes particuliers dans certains domaines, mais naturellement pour des périodes les plus courtes possible.

L’objectif, c’est que la Wallonie et Bruxelles deviennent deux grandes Régions de France, à part entière, avec pour nos concitoyens, le plein exercice des droits et des devoirs de chaque citoyen de la République. Pour le reste, personne n'a le droit de fixer aujourd'hui des modalités et encore moins des conditions d'un rattachement, comme certains osent le faire. Ce sont les seules autorités légitimes et représentatives de la Wallonie et de Bruxelles qui s’accorderont, le moment venu, avec le pouvoir politique de la République.

Un programme clair et ambitieux

Notre programme est clair, généreux et ambitieux.

Wallons et Bruxellois ont besoin d’adhérer à la culture politique française et aux valeurs républicaines qui lui sont associées : liberté et égalité, fraternité et universalité, laïcité ouverte et positive.

Nous devons aussi adhérer au principe de la supériorité de l’intérêt général sur les intérêts particuliers, du droit à la sécurité sociale, du droit à la sécurité des biens et des personnes.

Nous avons aussi un urgent besoin de revenir au principe bien français de la nécessité de l’Etat et de son autorité, d'un État respecté par les citoyens et qui respecte les citoyens, d'un Etat régulateur, protecteur et redistributeur, qui ne brime pas l'initiative mais qui l'encourage et l'encadre, donc d'un Etat qui est le garant de la démocratie et des droits individuels.

Enfin, avec la France nous exprimerons tout notre attachement et notre amour pour notre langue commune, pour la culture et pour les valeurs que cette langue porte avec elle et qu'elle répand dans le temps et dans l'espace.

Je vous demande d'être fiers de notre mission et du message que nous portons.

Autour de nous, aux Wallons et aux Bruxellois, allons dire ceci : « ...Ne vous résignez jamais. Rien n'est impossible à un peuple déterminé. La France est à portée de main, elle est à côté de nous. Quand il le faudra, elle s'engagera avec nous, comme elle le fit aux heures décisives de l'Histoire.

Cependant, aide-toi si tu veux que le ciel te vienne en aide. L'Histoire s'accomplira, mais notre devoir  est d'aider l’Histoire à s’accomplir.

Nous devons mériter notre liberté, nous devons mériter la France, nous devons mériter la République. Pour cela nous devons nous battre.

Notre récompense sera, demain, pour les Wallons et les Bruxellois un destin partagé avec la France, un Etat reconstruit, une patrie retrouvée.

Photo : Paul-Henry Gendedebien et Laurent Brogniet (droits : Philippe Lenaerts)


© R.W.F. Dernière mise à jour le dimanche 31 janvier 2010 - Ce site est le seul officiel du R.W.F.