Tony Mary, dégoûté de la Belgique, s’exile en France! - 1er octobre 2009

Figure de proue du patronat flamand (IBM, KPMG), ancien directeur de la télévision publique flamande VRT, et président du groupe de pression B Plus qui combat le séparatisme, Tony Mary a décidé de tirer sa révérence et de s’en aller s’installer à Montpellier, dans le sud de la France. Il a expliqué les raisons de son exil dans le quotidien flamand De Standaard et dans l’hebdomadaire francophone Le Vif.

Extraits :

"J'ai dit à ma femme, il y a quelque temps déjà :
« Ce pays, je ne veux plus y vivre ! »

Je ne supporte pas le nationalisme, de plus en plus envahissant en Flandre. Le nord du pays ne compte, réellement, que 5 à 8 % de gens d'extrême droite (ndlr : selon le dernier baromètre politique, le parti néo-nazi Vlaams Belang obtiendrait 16.5% des suffrages et le parti néo-fasciste N-VA obtiendrait 14.6% des suffrages, soit plus de 31% cumulés).
J'y constate pourtant l'apparition d'une société que je qualifie, avec un peu de provocation, de « préfasciste ». Il s'agit d'agiter, continuellement, l'image de l'ennemi. Chez nous, c'est le Wallon, jugé fainéant et magouilleur. Pour Hitler, c'était le juif. Je suis issu d'une famille qui a souffert de l'idéologie nationaliste pendant la Seconde Guerre mondiale. Mon grand-père, qui habitait la campagne flamande, près de Dilbeek, et n'était pas très germanophile, gardait de mauvais souvenirs du lion flamand
."

"J'ai été agressé à la sortie d'un débat avec le Vlaamse Volksbeweging. De même, à Gand, le Bekende Vlaming (ndlr: célébrité flamande) que je suis a été reconnu dans un restaurant. Je discutais en français avec un Lillois, qui projetait de faire du business chez nous. J'ai été frappé dans le dos. L'agresseur m'a hurlé qu'un Flamand ne devait parler que flamand."

"A Dilbeek (ndlr: commune flamande qui borde le flanc ouest de Bruxelles), où la moitié des habitants sont francophones, le bourgmestre exige des commerçants de la commune qu'ils fassent leurs annonces uniquement en flamand. Le bourgmestre d'Overijse, autre commune flamande située aux portes de Bruxelles et sur la frontière linguistique, s'attaque à ses administrés qui ont placé devant leur maison une affiche ou un panneau trilingue « Te koop/A vendre/For sale ».
Il les oblige à opter pour une version unilingue flamande. L'an dernier, Liedekerke, commune du Brabant flamand, a limité l'accès de ses plaines de jeux aux seuls néerlandophones ! De même, les employés communaux de Zaventem ont reçu comme instruction de ne plus parler que flamand.
"

"Je ne me retrouve plus dans ce que la Flandre, ma partie de ce pays, dit et fait. Et j'ai l'impression d'être incapable de changer quoi que ce soit à la situation … Depuis trente ans, nos relations sont fondées sur le troc : je te donne de l'argent, tu me donnes des compétences (ndlr : les droits des francophones sont échangés contre de l’argent). Cela doit s'arrêter. Les politiciens ne parviennent plus à faire avancer le pays sereinement."

"Il faut être aveugle pour ne pas constater que ce pays ne fonctionne plus ... J’ai beaucoup de respect pour le Premier Herman Van Rompuy, mais le premier ministre de ce pays n’a plus aucune autorité ...
A présent ce pays est devenu celui de la mauvaise volonté. Je ne me reconnais plus dans ce pays ... Même la VRT n’a plus qu’une idée « La Flandre d’abord ».
"

Texte (sauf le titre) : site Témoignage d’un francophone de Bruxelles

L'entretien complet dans Le Vif du 21 septembre 2009


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