Wallonie rime-t-elle avec Kolonie ? - 2 août 2009

La Wallonie est-elle en passe de devenir la première colonie d'une Flandre devenue largement autonome ?
Les Wallons seraient-ils des "Germains" qui s’exprimeraient en français, comme le déclara, durant les années noires, le leader rexiste Léon Degrelle, remis à l’honneur par une émission récente de la RTBF ?
L’idée chatouille apparemment un groupe d’intellectuels flamands et néerlandais, qui rêvent de reconstituer les Pays-Bas du 16ème siècle. En filigrane de leurs puissantes réflexions, la réunion de la Wallonie à la France constituerait le plus grand danger pour le nationalisme flamand.
C'est vrai !
A méditer pendant les vacances...

Le Groupe de travail de Baarle (http://www.baarlewerkgroep.org/), qui tire son nom de la petite ville partagée entre les Pays-Bas et la Belgique, est un groupe de citoyens flamands et néerlandais qui plaide pour l’intégration de la Flandre et des Pays-Bas. Ce nouvel Etat prendrait la forme d’une "Confederatie der Lage Landen", une Confédération pan-néerlandaise.
Le groupe de Baarle n'appartient pas au "Mouvement Flamand" traditionnel (Vlaamse Volksbeweging) dans la mesure où ses sympathisants proviennent également d'autres horizons. Parmi les politiques qui partagent ce projet, le groupe de Baarle cite les flamands Louis Tobback (SPa), Bert Anciaux (SPa), Jean-Marie Dedecker (LDD), Filip Dewinter (Vlaams Belang), Margriet Hermans (Open VLD), Frieda Brepoels (N-VA) et les néerlandais Geert Wilders, Andries Postma (CDA), et Erik Jurgens (PvdA). On peut ajouter que le Premier Ministre de la Belgique, Herman Van Rompuy (CD&V), est membre de l’association pan-néerlandaise "Orde van den Prince" ("Ordre du Prince", en référence à Guillaume d’Orange le Taciturne, 1533-1584, considéré comme le fondateur de la nation néerlandaise).
Le groupe de Baarle a publié sa première lettre d'information au mois de juillet 2009: nieuwsbrief.

La "Confederatie der Lage Landen" envisagée par le groupe de Baarle ne se limite pas aux forces motrices de l'intégration que sont les Pays-Bas et la Région flamande. Elle englobe également la Région bruxelloise et la Région wallonne ("La Flandre doit développer une vision concrète pour Bruxelles et la Wallonie"), ainsi que le Luxembourg. Le mouvement pan-néerlandais exige l'assimilation pure et simple de Bruxelles, en la fusionnant avec la Région flamande, et propose l'intégration de la Wallonie, en tant qu'entité à part entière, au sein des la Confédération des "Lage Landen".

Bruxelles

Le groupe de Baarle estime que Bruxelles est une ville flamande peuplée de flamands qui s'ignorent :
"Bruxelles est une des principales villes des « Lage Landen » et une clef de voûte importante pour la Confédération. Pour nous, tous les Bruxellois sont des Flamands à part entière, qui ont perdu leur langue maternelle et leur origine ethnique .... La seule solution est une fusion entre la Région bruxelloise et la Région flamande ... Bruxelles peut aussi devenir sans problème, au lieu d’une Région au sein de la Confédération néerlandaise, une sous-partie de l’Etat fédéré flamand."
Comment atteindre cet objectif ?
"La lutte flamande doit évoluer d’une lutte défensive vers une lutte d’émancipation. Nous ne pouvons plus nous limiter à défendre ce qui est flamand ... Afin de réaliser cette nécessaire volte-face, la Flandre a besoin des Pays-Bas ... Avec le retour de son identité néerlandaise et l’appui d’une Nation avec une indéniable conscience, la Flandre aura la vision et la force nécessaire pour ré-intégrer Bruxelles ... pas à pas ... Toute mesure qui mène vers une consolidation de la Région de Bruxelles doit être repoussée."

Wallonie

Le groupe de Baarle estime que la Wallonie fait historiquement partie de la grande nation néerlandaise. Il "reconnaît le caractère propre de la Wallonie et de la Flandre … mais il remarque aussi qu’il existe entre ces deux nations un lien séculaire, qui s’inscrit dans le contexte des « Lage Landen ». ...
Historiquement la Wallonie a plus d’affinités avec les « Lage Landen » qu’avec la France. A de nombreux égards, la Wallonie est encore toujours une partie des « Lage Landen ». ...
Le mouvement rattachiste en Wallonie est en fait artificiel d’un point de vue historique".

Le groupe de Baarle propose une place pour la Wallonie dans la Confédération pan-néerlandaise. "La Wallonie sera beaucoup plus forte en tant qu’entité au sein des Pays-Bas qu’au sein d’une association avec la France … et les relations avec la Flandre seraient aussi beaucoup plus directes et plus amicales (sic).
En tant que membre à part entière des « Lage Landen » la Wallonie recevra aussi la garantie de droits linguistiques sur son propre territoire. Ainsi, si la Wallonie le souhaite, le français (ou même le wallon) peut être la première langue administrative".
En clair, le néerlandais deviendra une langue officielle en Wallonie.

Ce projet que le mouvement pan-néerlandais a développé pour les Wallons s'accompagne évidemment d'autres conditions.
Le visage du colonisateur s'affiche : "La Wallonie devra vraiment bien tenir compte du caractère essentiellement néerlandais de la confédération. Cela signifie qu’il n’y aura plus de place pour l’arrogance francolâtre et que la représentation francophone dans la structure étatique sera aussi à l’avenant ...
Cela signifie bien la fin du français comme langue dominante dans les niveaux plus élevés des structures de l’Etat."

Pour obtenir l'adhésion des Wallons à ce projet politique, le groupe de Baarle utilise essentiellement des arguments historiques et économiques ("pragmatiques"), comme c'est déjà le cas dans les Pays-Bas français (ndlr : la Flandre Gallicane, de Dunkerque-Lille à... ?)
En résumé, la Wallonie ferait historiquement partie de la grande nation néerlandaise. Il serait donc logique que la Wallonie s'intègre dans cette Confédération qui lui donnerait tous les moyens pour mieux se développer économiquement, contrairement au carcan imposé par l'Etat fédéral belge.
Par contre, si les Wallons ne souhaitent pas s'intégrer dans la Confédération, ils seront de facto financièrement asphyxiés par leur puissant voisin.

Le groupe de Baarle propose deux configurations pour le futur Etat pan-néerlandais. Soit l'assimilation de Bruxelles seule. Soit l'intégration de la Wallonie et du Grand-Duché du Luxembourg.

Conclusion :

Le R.W.F. n’a évidemment aucune raison d’entretenir des relations amicales avec des partis représentant une région/nation, la Flandre, qui rêve de transformer la Wallonie en simple colonie au service de ses intérêts politiques et économiques.
La Flandre nationaliste (près de 40%) n'est pas un allié objectif du Mouvement wallon, mais bien un adversaire invasif et, qui plus est, sournois.


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