L’union « Wallonie-Bruxelles-France » est nécessaire !
Par Paul-Henry Gendebien, Président du R.W.F.

Carte blanche publiée dans Le Soir du 24 février 2009
en
réponse au commentaire du dernier livre de José-Alain Fralon
La Belgique est morte ! Vive la Belgique

Ainsi l’observateur averti qu’est M. Fralon ne croit-il plus en l’avenir de la Belgique. C’est un signe intéressant. Mais il pense à un subterfuge salvateur : vivement une « petite Belgique » délestée de la Flandre et donc idéale !

Or, celle-ci serait réduite à une nostalgie tenant lieu de patrie. Un nouveau « petit Belge » ressurgirait une fois encore du tombeau et procréerait « L’Etat Wallonie-Bruxelles », un projet qui risque fort d’échouer. Non pas à cause de sa dimension modeste mais en raison de la ruine de ses finances publiques et surtout de son inconsistance nationale. Economiquement chétif et socialement régressif, cet Etat confetti serait dépourvu du ferment nécessaire à la création d’un pays : le sentiment d'appartenance à une nation.

Fonder une Etat wallo-bruxellois, ce n’est pas simplement prolonger la Belgique ! Il faudrait inventer et organiser un nouvel Etat au travers d’une vision, d’une ambition et d’une volonté qu’on n’aperçoit guère dans notre classe politique. Sans parler de l’expérience pénible de nos pouvoirs régionaux depuis un quart de siècle…

La seule capitale commune aux Wallons et aux Bruxellois, c’est Paris. Je veux croire à une grande communauté de destin « Wallonie-Bruxelles », mais celle-ci ne passera que par une adhésion commune à la France.

M. Leterme plutôt qu’un préfet français ?

Hostile au rattachement, M. Fralon présume que les Wallons préfèreront un Premier ministre flamand à un préfet. Pourquoi cette comparaison bancale ? C’est un Fillon ou un Jospin qu’il aurait fallu opposer à un Leterme !

En présumant une aversion wallonne à l’égard d’un préfet, M. Fralon semble indiquer sa propre aversion pour l’Etat. Il aurait ainsi été la victime d’une belgification réussie puisque la Belgique est devenue un anti-Etat.

M. Fralon observe que nos mœurs politiques diffèrent de celles de la France. C’est vrai : chez nous, pas d’élection du chef de l’Etat, un régime des partis insupportable,  un système électoral empêchant l’alternance. Mais c’est précisément l’un de nos objectifs : l’après-Belgique doit nous conduire à une autre culture politique fondée sur les valeurs républicaines, sur la restauration de l’idée d’autorité publique, sur le scrutin majoritaire, etc.

Il nous faut renouer avec le principe de l’Etat arbitre et régulateur, garant des libertés et des solidarités. Nous le ferons d’autant mieux que la France moderne n’est plus jacobine et qu’elle s’est régionalisée depuis les lois Deferre.

L’Europe ne pourra pas dire non 

M. Fralon pense que l’Europe dira non à notre réunion à la France. Je demande : quelle autorité européenne ? Et au nom de quels principes ? Depuis 1989, plus de quinze nouveaux Etats sont nés sur notre continent, et d’autres ont disparu (Allemagne de l’Est, Tchécoslovaquie, Yougoslavie). Et la mini Yougoslavie serbe a été partiellement démembrée à son tour.

La plupart des capitales, et l’Europe en général, sont restées passives, voire complices, devant ces implosions. La posture dominante fut une hésitation entre deux principes contradictoires : droit sacré des peuples à l’autodétermination contre stabilité immuable des frontières étatiques. Lorsque le droit des peuples l’emporta, ce ne fut pas à cause de la vertu de l’Europe, mais bien parce qu’elle n’avait ni la volonté ni la force de dire non. Et ses contradictions éclatèrent lorsque, dans la même année, elle reconnut un Kosovo indépendant puis tenta de préserver l’intégrité de la Géorgie en feignant de nier les aspirations nationales des Abkhazes et des Ossètes.

L’Allemagne ne s’opposera pas aux souhaits des Wallons et des Bruxellois. Elle se souviendra de la loyauté française lorsque Paris acquiesça sans réserve à la réunification de 1990. La Grande-Bretagne semble lassée de l’Histoire et ne protestera que pour la forme.

L’intérêt de l’Europe, c’est un règlement pacifique de notre crise terminale écartant tout risque de chaos. La solution française sera un facteur de stabilité évident. Les européistes eux-mêmes pourraient accepter un élargissement de la France, au même titre qu’ils saluèrent le volontarisme de la présidence française en 2008

L’équilibre européen ne présuppose-t-il pas un équilibre Paris-Berlin, à savoir une Allemagne consolidée et une France renforcée ? La réunification allemande autorisait en quelque sorte une prochaine réunification française.

Quelle instance européenne oserait adresser des remontrances moralisatrices aux « anciens Belges » quand ils voudront se séparer ? Serait-il convenable que cette Europe, qui s’est construite sur le dépérissement des Etats nations et qui a « encouragé le plus dure des libres concurrences entre les régions, veuille sauver contre tout bon sens un Etat moribond ? Ce serait paradoxal de la part d’une Union qui se prévaut de l’héritage des Lumières et du libéralisme démocratique.

Enfin, au nom de quelle logique, l’Europe interdirait-elle à la Flandre ce quelle accepta avec un enthousiasme fébrile pour de nombreuses nations sans Etat, des pays baltes à la Slovaquie, de la Slovénie au Kosovo, en passant par le Monténégro ? Et comment refuser aux Wallons et aux Bruxellois ce qui fut accordé naguère aux six Länder de l’Allemagne de l’Est ?

Décidément, les nostalgiques de la belgitude s’évertuent plus que jamais à combattre le projet réunioniste. Visiblement, celui-ci progresse dans l’opinion publique. On le mesure à l’inquiétude croissante qu’il suscite dans les milieux politiquement corrects encore liés à un régime qui se conjugue de plus en plus au passé décomposé.

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