La crise ne sauvera pas l’Etat belge, bien au contraire - 20 décembre 2008
Paul-Henry Gendebien, Président du R.W.F.

Cet éditorial extrait du dernier périodique du R.W.F. (décembre 2008) a été rédigé fin novembre avant la démission du gouvernement Leterme : il est plus que jamais d’actualité.

Avec ses faux capitaines dépourvus de boussoles et de provisions, le navire belgo-flamand tente vainement de colmater ses brèches et poursuit sa dérive au milieu des icebergs. C’est que l’Etat belge ressemble de plus en plus à un Titanic politique. Désormais de nombreux citoyens osent nous l’affirmer : « C’est vous qui aviez vu clair ! Il y a peu d’années encore, nous ne voulions pas vraiment vous croire. Maintenant, la France pourrait bien être la seule solution ! » Nous avons même entendu ceci : « Encore heureux que la Belgique n’ait pas présidé l’Europe pendant les six mois écoulés… Imaginez Leterme à la place de Sarkozy, face à la crise de la Géorgie et à la crise financière internationale… voilà au moins une raison de se féliciter ! »


Les Belgicains et autres belgocrates ont cru découvrir dans les événements de l’automne une occasion inespérée de se  consoler. Angélisme naïf, masochisme politique ? Toujours est-il qu’on les a vus pousser des gloussements : « Vive la crise financière ! Elle a écarté toute discussion communautaire. La Belgique est sauvée et ressort du tombeau ! » Les voici au comble du bonheur parce qu’une violente dépression économique et donc sociale s’abattait sur nous. Ainsi prenaient-ils leur satisfaction dans le malheur du peuple.

Naturellement, leur vision est aussi fausse qu’abjecte, puisque M. Leterme ne vaut pas mieux aujourd’hui qu’hier et que l’Etat belge fonctionne de plus en plus mal. Convenons-en : depuis plus de 20 mois, la Belgique n’est plus gouvernée. M. Leterme est le plus insignifiant des Premiers ministres depuis 1830. Le Parlement est au chômage. Les ministres se haïssent. Le budget de l’Etat pour 2009 est littéralement « truqué », annonçant des lendemains fiscaux qui ne chanteront pas. Quant aux derniers « bijoux de famille », Fortis en tête, ils ont chaviré ou sont dispersés à l’encan.

A cet égard, la saga Fortis fut un nouveau coup fatal encaissé par une belgitude en déconfiture. L’automne 2008 aura encore davantage écorné la crédibilité internationale de la Belgique en tant qu’Etat. Le tandem Leterme-Reynders, aux abois, fut contraint de solliciter l’intervention chirurgicale de Paris et de La Haye pour le traitement des dossiers Dexia et Fortis. En cette circonstance, on sentit nettement la légitime méfiance de la France et de la Hollande à l’égard des autorités belges, qu’elles fussent politiques ou bancaires.


Dans une crise qui fait monter en puissance les inégalités sociales, le chômage, la dette publique, on voit bien que l’Etat belge ne possède ni les structures de décision, ni la volonté, ni le personnel politique adéquat et encore moins les moyens financiers pour conjurer toutes les menaces.

La Flandre, pour sa part, ne s’accommodera pas du statu quo institutionnel. Au contraire. A l’approche du scrutin de juin 2009, on y observera une élévation du niveau des eaux nationalistes. La Flandre politique et patronale constatera que les caisses fédérales sont vides, qu’il n’y a pas de plan gouvernemental de relance, et que les changements structurels exigés par le Vlaams Parlement (notamment la baisse de l’impôt sur les sociétés et une flexibilité accrue de la politique de l’emploi) sont combattus par les partis francophones. Les partis flamands y verront une entrave orchestrée par l’Etat belge pour empêcher leur région de lutter elle-même, avec ses instruments et ses moyens propres, contre la crise et le désordre international.

L’autonomie et le séparatisme flamands découvriront dans la crise des arguments supplémentaires en faveur d’une profonde réforme de l’Etat. Et les échecs économiques du CD&V et du VLD au niveau fédéral les pousseront à faire diversion en activant leurs plans d’épuration linguistique et culturelle dans la périphérie bruxelloise. Ils poursuivront leur entreprise de mise sous tutelle de Bruxelles avec – espèrent-ils – l’assentiment tacite d’une Wallonie frappée durement par la crise et donc pétrifiée dans la soumission. Décidément, la crise n’éclaircira pas les sombres nuées qui plombent le ciel belge !

Ces vérités, nous sommes les seuls à les proclamer. Toutes nos analyses sont confirmées par les faits. Et surtout, en disant « Oui à la France ! », nous offrons un immense espoir de changement, de renouveau, de mobilisation, aux Wallons et aux Bruxellois. Tout cela dérange, d’où la censure que nous infligent certains médias. Il n’empêche : personne n’a encore réussi à nous faire taire, et personne ne peut enrayer la progression de nos idées. Aux yeux du régime belge, le R.W.F. est donc un parti « dangereux ».

« Dangereux » à cause des idées et du projet que nous portons.

« Dangereux » aussi parce que nous sommes désintéressés par rapport au pouvoir, et parce qu’il n’y aura ni compromis ni concessions entre nous et le système des partis officiels.

De toute évidence, le R.W.F. est un parti nécessaire, malgré ce qu’en pensent quelques esprits chagrins toujours prompts à « faire don de leur personne » au défaitisme et à la résignation, prêts à se coucher pour ne pas avoir à se battre…

Le R.W.F. : non seulement nécessaire, mais indispensable. Nous voulons, pour les Wallons et les Bruxellois, un autre système politique, une autre culture politique, une autre société ! Nous voulons la République et ses valeurs de solidarité, de liberté, de laïcité, de fraternité internationale. Il nous faut aussi restaurer l’idée d‘Etat, garant des solidarités, des libertés, des sécurités, et promoteur de l’intérêt général.

Dans un monde désordonné et incertain, nous aurons besoin de la République française.

Oui, vraiment, le R.W.F. est nécessaire pour indiquer le devoir de résistance radicale à l’Etat belgo-flamand, mais aussi pour proposer la voie d’un véritable progrès aux Wallons et aux Bruxellois.
Voilà pourquoi nous serons présents partout, en Wallonie et à Bruxelles, aux élections régionales et européennes du 7 juin 2009.

L'avis de Libération

La vista de l'humoriste Pierre Kroll - dessin publié dans Le Soir du 20 décembre 2008


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