Confédéralisme ou séparatisme - 3 septembre 2008

Une fois n’est pas coutume, nous reproduisons intégralement un billet récent de Véronique Lamquin (journal Le Soir) qui résume parfaitement la situation à l’aube de cette rentrée politique.

L’alternative est telle, tous les responsables politiques francophones en conviennent en privé : sauf à se résoudre à la scission du pays (en deux, trois, mille morceaux ?…), il faudra négocier sa « confédéralisation », un néologisme qui dit bien le radical changement de style et d’époque auquel il faut se préparer.
Les propos de Charles Picqué l’illustrent assez. Deux éminences francophones, qui ont passé une partie du mois d’août à rencontrer les ténors flamands, en particulier Kris Peeters et Yves Leterme, le confirment :
« Les Flamands nous ont très clairement fait comprendre qu’il n’y a plus lieu de tergiverser. Ou nous acceptons de négocier sans attendre la vraie grande réforme de l’État, le confédéralisme, ou c’est la Flandre qui basculera dans le séparatisme et l’indé1pendance. »
Un ministre mêlé de près aux tractations ces dernières semaines autour des trois médiateurs royaux, et du ministre-président flamand, Kris Peeters, l’homme incontournable désormais, ce ministre, donc, nous le confirme off the record :
« De tous mes contacts, je retire que les francophones doivent perdre leurs illusions, ils devront choisir entre le confédéralisme ou le séparatisme, et je ne suis pas certain que le premier ne conduira pas au second… »
Voilà pour l’enjeu. Capital…
Ou, comme le résume un francophone, « la situation est grave, très grave ». Pourtant, cela ne se voit pas, la scène politique étant moins agitée qu’en juillet…
« Les citoyens n’en peuvent plus d’entendre parler d’institutionnel… Nous ne devons pas perdre de vue les vrais problèmes des gens. »
Voilà pourquoi les discours de rentrée sont plutôt à tonalité socio- économique…
Mais en réalité, le soufflé et les polémiques ne sont pas près de retomber.
« J’ai acquis la conviction après les contacts que j’ai eus ces derniers jours, que le CD&V choisira la N-VA plutôt que le gouvernement, explique ce ministre francophone… Car les chrétiens- démocrates flamands sont tétanisés à l’idée de voir émerger une Forza Flandria, qui regrouperait la Liste Dedecker, les nationalistes de De Wever, des troupes du Vlaams Belang, et qui, d’après les sondages au Nord, pourrait atteindre 25 à 30 % des voix. »
La messe est dite ? Non. Les conclusions des trois médiateurs royaux sont hyper- attendues : si Karl-Keinz Lambertz, Raymond Langendries et François-Xavier De Donnea parviennent à fixer un cadre, et un casting, pour la négociation Nord-Sud, alors l’avenir reste ouvert, et le confédéralisme tout à dessiner. En revanche, si les trois francophones échouent, par exemple si les partis flamands refusent de voir les Bruxellois s’asseoir à la table de négociations, la crise de régime est devant nous.


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