Marino se fait tirer l’oreille - 15 mai 2008

Michel Guégan, le responsable de la délégation du Congrès des pouvoirs locaux envoyé en Belgique par le Conseil de l'Europe avec deux collègues, a tiré l’oreille de Marino Keulen, le rabique Ministre flamand des Affaires intérieures, en présentant ses conclusions hier après-midi. Elles résultaient de deux journées de consultations portant sur la non-nomination des trois bourgmestres des communes de la périphérie bruxelloise (Linkebeek, Crainhem et Wezembeek-Oppem) par la tutelle régionale flamande.

Chargés de vérifier le respect de la charte de l'autonomie locale que la Belgique a adoptée en 1985, les mandataires du Conseil de l’Europe, une institution unanimement respectée pour la sagesse et la modération de ses avis, ont rappelé que cette situation absurde durait depuis… le 1er janvier 2007.

« Ce n'est pas un délai raisonnable. Une issue aurait déjà dû être trouvée à cette affaire. Le pouvoir démocratique aurait dû trouver une solution plus tôt », a déclaré, M. Guégan estimant avoir « personnellement des doutes quant à la capacité d'un citoyen à participer à la vie locale de sa commune s'il ne peut utiliser sa propre langue ailleurs que dans son administration ».

Dans ce dossier, la Flandre est une fois de plus montrée du doigt par les instances internationales.

La délégation présentera son rapport au Congrès des pouvoirs locaux à la fin du mois, à Strasbourg.
Deux options semblent se profiler à l’horizon :

  • soit la Belgique se prend une simple recommandation, qu'elle ne sera pas obligée d'appliquer (en la matière, c’est une vieille habitude de sa part)
  • soit le Conseil de l'Europe décide d'organiser un audit général sur la démocratie locale en Belgique. Dans la périphérie, la tâche semble relever des travaux d’Hercule !

En 1998 et 2001, le Conseil de l’Europe avait recommandé que les six communes flamandes, dont Crainhem, Wezembeek-Oppem and Linkebeek, rejoignent la région de Bruxelles à majorité francophone. Cependant cette demande a largement été ignorée par les autorités flamandes...

Plus étonnant encore, M. Maingain, Président du FDF, a ajouté que la nomination des trois bourgmestres constitue « le pas-de-porte obligé avant d’entamer une négociation institutionnelle. Si les Flamands ne veulent rien entendre à ce sujet, la discussion institutionnelle s’arrête. En clair, la nomination, sinon rien… »

Depuis quand, M. Maingain, le respect du suffrage universel est-il négociable ?

Rappelons que si ce dernier a souvent la même analyse que nous sur la situation de la démocratie à Bruxelles et dans la périphérie, il préfère malheureusement se rallier à l'hypothèse d'une Belgique résiduelle (Wallo-Brux, comme on l'appelle déjà) en cas d'indépendance de la Flandre.
Cet ultime avatar du Royaume, douteux sur le plan de la viabilité écononomique, ne ferait que prolonger et accentuer les travers du système belge.

Le Président du FDF dans le quotidien Le Soir

Le dossier de Jean Quatremer, journaliste à Libération


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