Les joyaux de la couronne : Enlevez, c'est pesé ! - 15 février 2008

La Flandre rêve de transférer les institutions biculturelles et scientifiques.
« Pour mieux démanteler le fédéral » commente le  quotidien Le Soir (12 février) qui a consacré deux pages à ce dossier aussi épineux que symbolique.

On sait que le roi Albert II considère les 10 institutions en ligne de mire de la Flandre comme les joyaux de la couronne.

Citons, par exemple, les Musées Royaux des Beaux-Arts, le prestigieux Musée de l’Afrique centrale, le théâtre de la Monnaie, berceau de l’indépendance belge en 1830, l’Institut royal des sciences naturelles, dont les expositions pédagogiques attirent un public toujours plus nombreux, ou encore l’Institut Royal de Météorologie.

A tel point que le roi s’était vivement inquiété de leur sort auprès des différents négociateurs de l’orange bleue, à l’automne dernier.

Les Flamands avancent le prétexte que les matières culturelles relèvent des compétences des Communautés (flamande et française/francophone).
Le très flamand Bert Anciaux, ministre de la Culture, vend son projet en affirmant que cette fragmentation augmentera la coopération, améliorera « l’expertise nécessaire à une bonne politique culturelle » et augmentera les budgets réservés à des manifestations de prestige.

Marie Arena, Ministre Présidente de la Communauté française, a vu venir la Flandre avec ses gros sabots : « Certains Flamands ne croient plus à la Belgique et veulent donc démanteler tout ce qui peut œuvrer à sa reconnaissance et son prestige. Ces institutions sont symboliquement très lourdes. Une proposition comme celle-là est aussi lourde de sens que celle qui consiste à régionaliser la sécurité sociale… »

Les responsables des Institutions, quant à eux, craignent également de devoir dépendre de deux ministres, un flamand et un francophone, ce qui compliquera encore les choses. Dans la grande tradition politique belge.

D’un de point de vue général, la Flandre, plus riche, usera de ses deniers pour obtenir une influence disproportionnée dans les centres de décision de ces institutions.

Dans le même ordre d’idées, un arrêté royal publié en catimini au Moniteur le 31 décembre 2007, a changé la tutelle des trois grandes institutions fédérales : le Théâtre de la Monnaie, le Palais des Beaux-Arts, l'Orchestre National de Belgique relèvent dorénavant de la compétence du Ministre de l'Intérieur flamand Patrick Dewael.

D’autres exemples : le Centre Culturel Flagey, à Ixelles, « bicommunautaire », est déjà dirigé par un Conseil d'Administration à majorité flamande. Le Musée de l’Afrique centrale que les hasards de l’Histoire ont placé à Tervuren, en Flandre, est déjà largement « colonisé » par une administration flamande. Comme c’est le cas du Jardin botanique, jadis situé à Bruxelles et transféré à Meise, en Flandre.

Par charité, nous ne reviendrons pas sur le nom grotesque que le lobby nordiste a donné aux Palais des Beaux-Arts devenu « Bozar » : on n’est pas loin de « Bazar » ! Un label aux consonances plus flamandes.

Entendons-nous bien, que les symboles de la Belgique disparaissent, c'est dans la logique de l'Histoire, que les collections "nationales" largement alimentées par des Wallons et des Bruxellois, dès le 19ème siècle, tombent dans l'escarcelle de la Flandre, sans coup férir, voilà qui inquiète !


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