Regard sur l’actualité de Paul-Henry Gendebien, Président du R.W.F. - 7 janvier 2008

La double faute de M. Moureaux

M. Moureaux a peur. On le comprend ! Il craint « le pourrissement ». Le pourrissement de la Belgique. Cela ne sentira pas bon. Il faut donc éviter à tout prix cette situation désagréable. C’est la raison pour laquelle le bonze socialiste bruxellois déclare au Vif (numéro du 4 janvier 2008) qu’il faut dire « oui au confédéralisme exigé parla Flandre ! Pour éviter le séparatisme ! »

En clair, pour éviter le feu dans la chambre à coucher, mettons le feu au salon : géniale panacée !

Ancien Belge typique, réputé pour la grande rigidité de son verbe et l’extrême souplesse de son idéologie, M. Moureaux représente la quintessence du système des partis et des compromissions qui lui sont associées. M. Moureaux n’en est pas moins assez intelligent et expérimenté pour savoir que le rouleau compresseur du nationalisme ne s’arrêtera pas. Il est probablement bien conscient du caractère mortel de l’Etat belge.

Il y a quelques mois on l’entendait se livrer à de virulentes imprécations contre le MR et le CDH, soupçonnés de se préparer à de lourdes concessions en réponse aux exigences du cartel CDV-NVA.

Le PS et la contrepartie de sa rente

Aujourd’hui, le PS a oublié sa défaite électorale et son retour – ou plutôt son maintien – au pouvoir lui a rendu l’espoir. Il fête ses 20 ans de participation ininterrompue aux affaires !

Grands dieux : vingt années de participation à la rente belge, à tous les niveaux de pouvoir, cela se fête ! M. Moureaux ne veut pas bouder son plaisir. Mais il sait aussi que la rente n’est pas entièrement gratuite. Car, bien entendu, si les dividendes clientélistes tombent tout droit dans la poche des partis officiels, encore faut-il en fournir une certaine contrepartie à ceux-là mêmes qu en sont les véritables dispensateurs, à savoir les partis flamands.

Ceux-ci exigent une « grande réforme de l’Etat ? ».

Qu’à cela ne tienne, les partis francophones en acceptent volontiers le principe, après avoir fait semblant de minauder pendant quelques mois. Aujourd’hui MR, PS et CDH sont déshabillés : ils n’ont aucune stratégie commune sauf celle de la discorde publique, ils n’ont obtenu que des plats de lentilles en terme d’influence réelle dans le gouvernement Verhofstadt III et ils démontrent jusqu’à la nausée leur refus de toute véritable concertation intrafrancophone. Pour couronner le tout, ils ont réussi ce tour de force d’accepter le principe d’un futur confédéralisme qui aboutira à dépecer l’Etat pour en faire une coquille vide et pour financer l’indépendantisme flamand.

Confédéralisme = fédéralisme des cons (droits d'auteur : Francis Delpérée)

Les réunionistes veulent un divorce ordonné, à l’amiable, par la négociation. Le confédéralisme, au contraire, c’est le chaos et l’énarchie. M. Reynders, dans une déclaration au journal Le Monde en novembre 2007, et M. Moureaux dans Le Vif du 4 janvier dernier, se rallient au confédéralisme, espérant dans leur confondante naïveté obtenir un quelconque « apaisement ». En fait, ils se rallient ainsi à ce que notre vieil ami le sénateur Delpérée, l’inusable ayatollah du belgicanisme flamboyant, qualifiait naguère de « fédéralisme des cons ». En effet, le confédéralisme (formule dont on sait qu’elle est juridiquement douteuse et politiquement nébuleuse) aboutirait à des conséquences désastreuses : affaiblissement mortel des Francophones; étouffement de Bruxelles et dissociations suicidaire entre Wallons et Bruxellois; absence de fixation de frontières définitives, sûres et reconnues. En bref, l’enlisement garanti dans un interminable désordre post-belge.

M. Moureaux est-il disposé à payer cette facture pour les beaux yeux de l’émancipation flamande et en échange du Royaume des Saxe-Cobourg ?

C’est le drame historique des Wallons et des Bruxellois : s’obstiner à placer l’illusion belgiciste au-dessus de tout, y compris au-dessus de leurs intérêts et de leur dignité.

Posture ruineuse à tous égards ! Le R.W.F. l’a répété cent fois : nos représentants officiels ne cessent de pleurnicher en se déclarant « non demandeurs » alors qu’ils mendient pitoyablement la prolongation de la Belgique. Se comportant en « présumés coupables », ils se repentent à l’avance, donnant raison à la scandaleuse allusion du Roi Albert II à d’imaginaires « responsabilités collectives », concept méconnu à la foi en morale et en droit international (cfr. le Message royal du 25 décembre 2007).

Deux fautes capitales de M. Moureaux

Pour obtenir le pardon de la Flandre, le MR et le PS semblent disposés à toutes les acrobaties, à tous les marchandages, à tous les reniements. Leur désir est de rester enchaînés à la table du banquet belgiciste, même s’ils n’en récoltent que de maigres miettes.

La première faute de M. Moureaux consiste à donner sa bénédiction à un statut de peuple soumis pour les Wallons et les Bruxellois.

Sa deuxième faute est d’annoncer dès aujourd’hui à la Flandre que les Francophones seraient disposés à lâcher beaucoup de lest.

M. Leterme doit se frotter les mains : « Décidément, pense-t-il très probablement, ces socialistes wallons ne sont pas aussi infréquentables que nous le pensions ! ».


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