Bruxelles largement francophone, selon une enquête flamande - 8 janvier 2008

Rudi Janssens, chercheur à la V.U.B. (Université de Bruxelles néerlandophone), publie aujourd’hui les conclusions d’une étude qu’il a entamée voici 10 ans. En 2000, il avait publié les premiers résultats de son baromètre linguistique à Bruxelles. En 2005, il a prélevé de nouveaux indices.

L’utilisation du français comme « lingua franca » n’évolue pratiquement pas.
Plus de 95% des Bruxellois maîtrise la langue de Voltaire sur une échelle qui va de « bien » à « parfaitement ». Le néerlandais doit par contre céder la seconde place à l’anglais. Et c’est un fait nouveau.
Le nombre de Bruxellois qui parlent « bien » le néerlandais passe de 33,29% à 28,23% alors que l’utilisation de l’anglais est montée de 33,25 à 35,40 %. L’espagnol (7,39%) dépasse de peu la langue arabe (6,36%).

Si l’anglais menace davantage le français que le néerlandais - on le comprend aisément, compte tenu des chiffres qui précèdent ! -, il taille également des croupières à la langue de Vondel, principalement dans le secteur des entreprises où le pragmatisme impose l’anglais comme langue commune (« common language ») entre les employés de tous horizons. Au détriment, principalement, du néerlandais. Ainsi, à Belgacom, l’anglais est devenue la langue commune de travail. On n’y entend quasi plus le néerlandais. Didier Bellens, le patron de la grande entreprise de télécommunications belge, s’exprime d’ailleurs avec difficulté dans cette langue.

Le chercheur se console en pointant le fait que le néerlandais est davantage pratiqué dans l’administration publique et le secteur des soins de santé, ainsi qu'au sein des familles mixtes (« français-néerlandais »). Celles-ci représentent toutefois un infime contingent de la population de la capitale.

La plupart des Bruxellois néerlandophones n’éprouvent aucune fierté de porter l’étiquette de « Flamand ». Ce sont surtout les couches peu scolarisées et les jeunes Bruxellois néerlandophones qui portent l’étendard « jaune et noir ».
Plus inquiétant, un groupe significatif n’éprouve aucune affinité avec l’A.O.C. « Flamand ». Parallèlement, les Bruxellois allophones associent le terme « Flamand » à « extrémisme flamand » et « intolérance ».

Enfin, 92,7% des néerlandophones trouvent que le français est une belle langue alors que le néerlandais ne trouve grâce qu’à moins de la moitié des oreilles francophones.

Pour notre part, nous estimons qu’il n’y a pas de « belle langue », toute langue maternelle, celle de la mère, étant toujours la plus belle au monde.

En conclusion : la Flandre doit cesser de considérer que Bruxelles est sa capitale selon des critères historiques dépassés et reconnaître enfin la réalité du terrain.
Elle serait mieux avisée de choisir Gent (Gand) ou Antwerpen (Anvers) - des villes de grande culture qui symbolisèrent, à travers les siècles, la résistance à l’oppression de quelque nature qu’elle fût - plutôt que de tenter une coûteuse OPA sur la troisième métropole francophone de la planète.

Source : jounal gratuit Metro (version néerlandophone) du 8 janvier 2008


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