René Swennen, ténor du Barreau liégeois, auteur de Belgique Requiem, suite et fin ? (Ed. Complexe, réactualisé en 2005), romancier et dramaturge, réunioniste depuis toujours, a fait l’objet d’un entretien dans La Libre Match du 16 août 2007. Nous n’avions pas eu l’occasion d’en rendre compte. En voici quelques extraits…

La Libre Match. Comment décririez-vous la Belgique à quelqu'un qui ne la connaît pas?
René Swennen : Je dirais que la Belgique est un Etat artificiel, construit après la bataille de Waterloo et fondé au départ sur une unité de langue: le français.

Quand le poids de la langue française a-t-il com­mencé à réellement faiblir?
Après la guerre 14-18. Jusque-là, un vérita­ble sentiment d'unité pouvait faire illusion. Puis, les Flamands ont voulu que leur culture et leur langue soient reconnues, ce qui est compréhen­sible. Cela a donné l'Etat sans cohérence que nous connaissons aujourd'hui.

Parlez-nous un peu de votre livre, sorti en 1980 et réactualisé en 2005.
Il ne s'agit pas d'un ouvrage de constitutio­naliste, mais d'une succession de rubriques : Liège, la bande dessinée, l'urbanisme, le colonia­lisme, ... J'ai tenté, soit de rappeler la Belgique de ma jeunesse et de mon enfance, soit de mon­trer qu'il n'y a plus d'unité nationale.

Pour vous, un processus est en route. Il mène iné­luctablement à la fin du pays?
Absolument. Dans mon livre, je reprends toute une série de thèmes qui sont liés au fon­dement de la Belgique : la religion, la guerre, les colonies, ...
... et ces liens n'existent plus?
Exactement, la Wallonie et la Flandre res­semblent à deux pays étrangers : presque plus rien ne les unit, si ce n'est des divergences d'intérêts.

Aujourd'hui, quel est donc le véritable débat?
Il s'est déplacé vers le terrain économique. Reste-t-il des liens symboliques entre francophones et Flamands?
Ces liens sont la monarchie, le souvenir des guerres et le tennis quia remplacé le football. Et Bruxelles, mais la capitale pose problème.

Comment imaginez-vous la fin de la Belgique?
Selon moi, le mouvement ne peut venir que de Flandre. En Wallonie et à Bruxelles, je constate une grande indifférence doublée d'une incompréhension. Les francophones ne témoignent pas d'une réelle conscience politique.

Pourquoi cela viendrait-il de Flandre?
Parce qu'on veut y atteindre des objectifs précis, ceux d'une nation au sens plein, c'est-à-dire des éléments qui soient visibles en Europe et dans le monde.

Pourquoi les Flamands souhaitent-ils la fin de la Belgique?
Ils ont le sentiment qu'elle les freine. Pour un Flamand, sans la Belgique, la Flandre serait l'une des nations les plus riches d'Europe.
Plus loin, René Swennen, nuance ce propos en estimant que la Flandre souhaite en premier lieu un système confédéral où chaque état confédéré gérerait ses propres ressources, une Belgique « coquille vide », en quelque sorte.

Personnellement, vous êtes partisan du rattachement à la France. Cette thèse peut-elle vraiment être prise au sérieux?
Bien sûr ! Elle a ma préférence en raison de la grande similitude entre la Wallonie et la France. Mais il convient de voir ce qui est faisa­ble dans le cas d'un rattachement: celui-ci ne devrait pas avoir lieu sous forme d'une départementalisation, mais bien comme l'ajout d'une région.

Quel argument majeur retiendriez-vous pour convaincre de l'utilité du rattachement?
Si jamais la Belgique devait éclater, l'entité seulement constituée de la Wallonie et de Bruxelles ne serait pas viable.


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