C’est le patronat flamand qui dicte l’agenda fédéral !

« L’ampleur des transferts de la Flandre vers la Wallonie, comme ils se présentent aujourd’hui, est comparable à ceux de l’Allemagne de l’Ouest vers l’Allemagne de l’Est, un pays qui a connu 50 ans de régime communiste. Mais en Allemagne, il y a un point positif : sur la fiche de paie de chaque Allemand de l’Ouest, on peut lire Solidaritätszuschlag  (cotisation de solidarité). Une inscription visible, claire et limitable dans le temps. Dans une période de basse conjoncture où l’on évoque le coût de la sécurité sociale et la baisse du taux d’emploi suite à un manque de compétitivité, ces transferts, sans explication et sans responsabilisation de la région la plus faible, sont absolument inacceptables. »
Congrès du V.E.V. (actuel VOKA), 18 novembre 2003

En novembre 2006, trois des organisations flamandes (VOKA, l’association des employeurs flamands, l’UNIZO qui représente les classes moyennes, et le VKW, les patrons chrétiens) exigeaient une profonde réforme de l’Etat. Leur programme minimum tenait en quatre points principaux :

La régionalisation du marché du travail

Des régions compétentes pour les allocations de chômage, les réductions de cotisations sociales, l’activation des chômeurs, l’octroi d’un permis de travail aux travailleurs d’origine étrangère, les réglements du travail intérimaire, etc.

La régionalisation de l’impôt des sociétés. Le VOKA veut ramener le taux officiel de l’impôt des sociétés en Flandre à 25 %. L’UNIZO vise même les 15 %. La réforme fiscale de Verhofstadt, qui détermine le taux officiel au niveau fédéral, l’avait déjà fait passer de 40 à 34 %.

Le transfert vers les régions de grands dossiers économiques tels que le soutien aux secteurs de pointe et la distribution de l’énergie.

Une régionalisation des chemins de fer. Les régions devraient être représentées dans la SNCB et dans la société de gestion de l’infrastructure ferroviaire Infrabel. Elles devraient avoir le droit de faire certains investissements (principalement à Anvers).

Entre-temps, le patronat flamand a réussi à placer son pion en la personne de Kris Peeters, qui fut longtemps administrateur-délégué de la VOKA. Avant les élections du 10 juin, il a remplacé Yves Leterme au poste de Ministre Président de la Flandre. Depuis, il a clairement laissé entendre que pour lui la Belgique, qu’il imagine confédérale, peut se réduire à une quasi coquille vide.

C’est la copie de ce programme patronal qui a été présenté par le formateur Leterme, élargi aux exigences de la N-VA.

Laissons le mot de la fin à Rudy De Leeuw, co-président de la FGTB-ABVV, qui résume l’impasse actuelle en deux phrases : « La plupart des propositions flamandes en matière de réforme de l’Etat viennent des patrons flamands. Elles ne sont pas orientées vers des améliorations sociales. »

Reste à connaître la proportion de travailleurs flamands qui participeront le 15 décembre à la manifestation en faveur de la solidarité nationale organisée par les grandes centrales syndicales. Encore unitaires.


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