Un dialogue coûteux et déshonorant
Le Soir Magazine - 28 novembre 2007

Propos recueillis par Jean-Frédérick Deliège (extraits)

Saisissant contraste entre la lucidité de Paul-Henry Gendebien au Soir Magazine et les reculades d’Olivier Maingain que trahit son interview accordée à Télémoustique (voir notre rubrique Presse)

Que peuvent faire des francophones minoritaires sinon négocier?

Les hommes politiques francophones doivent cesser de faire l'autruche et de tromper la population. Qu'ils arrêtent de dire : c'est un mauvais moment à passer. Ils doivent être lucides, réalistes et courageux. Et dire à leurs concitoyens qu'aujourd'hui il ne reste plus que deux solutions face à la volonté autonomiste flamande. Soit une petite Belgique continuée réunissant Bruxelles et la Wallonie. Mais ce ne serait pas viable financièrement et économiquement. Et puis cet État, quelle forme aurait-il ? Une république avec Daerden comme président? Un royaume avec Laurent comme roitelet? Et il n'est même pas certain qu'au regard du droit international, il pourrait continuer à s'appeler Belgique... Soyons sérieux. Il faut mettre, dès à présent, en place une procédure de divorce à l'amiable en com­mençant par régler la question des frontières puis celle du respect des minorités. Et pour engager cette procédure, il faut l'aide de l'Eu­rope et, aussi, celle de la République française qui devra nous aider à faire respecter les droits de 4,5 millions de francophones de l'ex­térieur. Si on ne s'engage pas là-dedans, il est à craindre que les embrouilles actuelles ne soient rien en comparaison de ce qui nous attend.

Là, est-ce que vous n'avez pas un peu tendance à dramatiser?

Non. La classe politi­que francophone participe à une tromperie de l'opinion publique. Son problème c'est qu'en dehors de la petite Belgique continuée, elle n'a pas de plan de rechange. Elle n'a pas de projet de société, si ce n'est de s'accrocher à ses privilèges. Elle ne sait que raisonner à court terme. Elle voudrait ressusciter une Belgique mythique qui serait un Sarajevo idéal alors que la Belgique est, de plus en plus, une Bosnie froide.
(…)

À vous entendre, on ne risque même pas d'arriver aux élections de 2009?

Je vais vous dire: les Orangistes sont réunis dans le salon pour négocier, mais les explosifs sont prêts à éclater dans la cuisine. Et de nouvelles charges ont été ajoutées au contentieux. BHV, pour lequel on ne va rien décider dans l'immédiat. Les trois bourgmestres qui risquent de ne jamais être nommés. Ça, c'est un nouveau « Fouroncle » sur les fesses de la Belgique. C'est le produit de l'incapacité des partenaires de l'Orange bleue à s'entendre. Et si le FDF revient sur les conditions qu'il a mises en préalable à tout accord de gouvernement, ses responsables entreront royalement dans la galerie, déjà bien fournie, des hommes politiques belges matamoresques.

Bref, sans la France point de salut?

Sans vouloir idéaliser la France, je dirais aux francophones que nous avons une chance extraordinaire. J'ai la certitude, des contacts politiques que nous avons, que la France est prête à ouvrir des négociations. À condition, bien sûr, que la fin de la Belgique soit constatée et que les francophones soient demandeurs. On a une chance de pouvoir faire partie d'un véritable État, une superpuis­sance, dont nous ne serons pas la région la plus pauvre. Et qui est notre maison de famille naturelle. Alors saisissons-la!


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