Regard sur l’actualité de Paul-Henry Gendebien, Président du R.W.F. -
vendredi 9 novembre 2007

La révolution flamande est en marche et rien ne l’arrêtera.

Non sans une certaine ressemblance avec les ridicules « Etats belgiques unis » de 1790, le Royaume fédéral belge de 2007 est en train de renoncer à lui-même. L’Etat belge – le « Belgium » comme le nomment les malheureux pétitionnaires néo-unitaristes – s’est condamné lui-même, condamné à mort. La peine sera incompressible parce que la nation flamande aspire à se transformer elle-même en Etat, een vlaamse Staat in Europa comme l’avait souhaité naguère un congrès du CVP.

Oui, une révolution flamande jusqu’à présent tranquille est en marche et plus rien ne l’arrêtera. La société civile flamande le prouve à chaque élection, elle est devenue aussi radicale que sa superstructure politique. La Flandre n’aime plus la Belgique et n’a plus de projet pour elle.

Oui, une révolution flamande arrogante et sûre de son bon droit, aussi butée et déterminée que les nationalismes slovaque ou serbe des années 1990, est entrée dans une phase irréversible. Tout gouvernement belge qui surviendrait – dans six semaines ou dans six mois – serait immanquablement impuissant et besogneux, voué à la seule prolongation des affaires courantes. Qu’il s’agisse d’un Leterme I ou d’un Verhostadt III, ce sera en tout état de cause un misérable gouvernement Kerensky à la belge, un gouvernement de fin de régime, aussi fragile que provisoire.

Le Roi, s’il ne voulait pas apparaître comme le complice du CDV–NVA, n’aurait pas dû laisser en fonction M. Leterme. Quant aux partis francophones, ils prétendent avoir reçu une gifle mais se préparent à tendre l’autre joue en reprenant, demain ou après-demain, leur posture de mendiants politiques. Ils espèrent naïvement repousser la guerre. Ils n’auront plus la paix et en prime c’est le déshonneur qui les menace. Comme citoyen wallon, au soir du 7 novembre, j’ai eu honte des petites lâchetés et des grandes indignités auxquelles se sont laissé aller certains négociateurs francophones. A les entendre, il convenait seulement de laisser les esprits s’apaiser et ensuite de reprendre les pourparlers comme si rien ne s’était passé, hormis une simple péripétie parlementaire…

La Belgique a prouvé qu’elle est devenue un Etat impossible. Les Wallons et les Bruxellois doivent cesser de pratiquer un aveuglement collectif qui ne pourra, au mieux, que retarder les échéances. Il faut, aujourd’hui, se préparer clairement et publiquement au divorce à l’amiable, calculer les partages des actifs et des passifs, internationaliser les deux aspects les plus délicats de la succession d’Etat, à savoir la question des frontières et celle des minorités respectives, envoyer une délégation à Paris afin d’y entamer, pendant la phase de prolongation des affaires courantes, le processus qui conduira à notre retour à la République française.

Poursuivre les négociations belgo-belges signifierait inévitablement un insupportable enlisement, suivie d’un désordre politique de moins en moins contrôlable, voire de violences à Bruxelles ou dans sa banlieue.

Dans l’après-midi du mercredi 7 novembre 2007, les députés flamands, démocrates et néo-fascistes confondus, se sont livrés à une sorte de coup de force légal. Ils ont utilisé l’arme parlementaire belge pour progresser dans leur affirmation nationale flamande. Ils ont applaudi au départ des élus francophones. En vérité, ils ont ainsi applaudi à la fin de la Belgique. Prenons-en acte ! Toute nostalgie belgiciste serait inutile et improductive. Les sentiments individuels, pour respectables qu’ils soient, n’ont pas de sens lorsque les intérêts collectifs sont en jeu.

Les partis francophones nous ont-ils menti en proclamant qu’ils n’étaient demandeurs de rien ? De Mme Milquet à M. Maingain ils ont démontré qu’ils sont demandeurs de Belgique et de « re-Belgique ». Les partis flamands ont parfaitement enregistré le message. Le 7 novembre, ils ont entrepris de faire payer aux Francophones cette soif inextinguible et pathétique de Belgique à tout prix.

Les présidents du PS et du CDH ont interdit au Parlement wallon de s’exprimer sur la crise. Ce n’est pas convenable. Il doit pouvoir assumer le destin de la Wallonie. Il faut mettre en place, à Namur, à travers notre Parlement wallon, un Comité de Salut Public. Qu’il agisse en concertation étroite avec un Comité bruxellois similaire. Après réflexions et consultations, qu’ils s’engagent ensemble dans la voie d’autodétermination d’un peuple français de 4,5 millions de citoyens qui méritent la liberté et la dignité.


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