Etudiants français en Belgique : le choix de la facilité…

Chaque année, la presse belge se fait largement l’écho d’une invasion (note du R.W.F : un peu plus de 6.000, peut-on parler d’invasion ?) dont le pays serait victime : celle des étudiants français, dans les filières paramédicales, qui contournent les concours d’entrée dans les universités françaises en s’inscrivant en Belgique, où ces concours n’existent pas. À Bruxelles, 800 Français se sont inscrits en orthophonie/logopédie pour quelques Belges seulement. À Liège, 200 Français ont campé devant les portes de l’institut qui dispense cette formation la nuit précédant l’ouverture des inscriptions. Globalement, près de 10.000 jeunes Français émigrent chaque année en Belgique pour accéder à des formations qui leur sont fermées en France.
La Belgique a bien tenté d’instaurer des quotas de Français, mais la Cour Européenne de Justice les a interdits en 2011.
Il existe deux lectures possibles de ces épiphénomènes comiques
(sic). Dans la lecture optimiste, les Français peuvent se féliciter du niveau de leurs études universitaires qui instaure une sélection telle qu’une partie de la jeunesse tente sa chance à l’étranger faute de pouvoir réussir dans son propre pays. Ceux qui contestent les rigueurs du fameux classement de Shanghai des universités du monde où la France, avec à peine 3 universités classées parmi les 100 premiers établissements mondiaux, se ridiculise, trouveront dans l’exportation de nos étudiants vers la Belgique un motif à se rassurer. Dans la lecture pessimiste, au contraire, l’invasion des universités belges par les étudiants français constitue un double signal d’alarme qui corrobore les conclusions du classement de Shangai: l’université française ressemble de plus en plus à une baleine échouée sur les plages académiques mondiales. Première raison à l’appui de cette lecture : la France n’a pas de politique claire de mobilité internationale pour ses étudiants, en-dehors de ceux des grandes écoles (note du R.W.F. : on ne voit pas la démonstration de cette affirmation gratuite).
Seuls 75.000 Français environ partent à l’étranger chaque année pour suivre tout ou partie de leurs études: 25.000 avec le programme Erasmus, 50.000 en dehors d’Erasmus. Un tiers seulement de ce petit noyau se dirige vers un pays anglophone, et un dixième vers l’Allemagne, soit moins que vers la Belgique (note du R.W.F. : les affinités avec les francophones de Belgique sont un facteur déterminant en l’espèce), comme le montre l’excellent document de Campus France. Autrement dit, la mobilité des étudiants français n’est ni un vecteur d’apprentissage de l’anglais, ni un trait d’union avec notre principal partenaire économique. Plus inquiétant, l’université française est en train de passer à côté du développement mondial de la mobilité étudiante.
Certes, la France accueille environ 250.000 étudiants étrangers chaque année, ce qui fait d’elle la 4ème destination mondiale. Mais, depuis 2006, le nombre d’étudiants étrangers attirés par la France stagne ou recule, alors que 700.000 étudiants de plus qu’en 2006 font une mobilité internationale (note du R.W.F. : encore un bel exemple de l’auto-flagellation à la française).
Autrement dit, alors que le nombre d’étudiants étrangers a augmenté de 30% en 5 ans, la France perd des «parts de marché». Elle a d’ailleurs perdu une place au classement mondial de l’attractivité, puisqu’elle était encore troisième destination mondiale en 2006.

Source : Atlantico.fr en août 2012