Paul-Henry Gendebien et l’après-Belgique à la Rencontre du Printemps

Le gouvernement Di Rupo est un gouvernement de la peur.
Peur de la Flandre, peur de la crise, peur des électeurs.
Il n’y a pas de véritable gouvernement de lutte contre la crise.
Il n’y a plus, dans les caisses de l’État, de moyens suffisants.
Il n’y a plus de volonté collective autour d’un projet de mobilisation citoyenne.
Il n’y a plus de monarchie solide et crédible autour d’un projet de mobilisation citoyenne.
Enfin, pour couronner le tout, il n’y a pas d’apaisement communautaire.

Le système belge est bloqué, il ne fonctionne plus, son seul objectif est de gagner du temps dans le fol espoir de durer, de durer pour durer, pas pour agir.
Le gouvernement Di Rupo n’est rien d’autre qu’une coalition des derniers rentiers du régime belge, des rentiers qui se nourrissent des avantages du pouvoir et des ultimes restes de l’ancienne prospérité belge.
Nous sommes condamnés à une double peine : d’une part, il y a l’absence de nation qui paralyse toute volonté de reconstruction ; d’autre part, il y a l’absence de véritable idéologie dans le chef des vieux partis, ce qui affaiblit l’efficacité et la légitimité de la classe politique,
Quand je constate la disparition des idéologies, je vise l’absence de pensée politique, je vise l’inadéquation entre le discours et l’action.
En Wallonie, la gauche comme la droite sont impuissantes face à la désindustrialisation et la désertification économique, face à la souffrance sociale, face au clientélisme et à la corruption.
J’aurais dû préciser qu’il n’y a plus en Wallonie ni de vraie gauche ni de vraie droite. La société politique wallonne s’est transformée en un instrument d’occupation du pouvoir. En fait, de gauche ou de droite, il n’y a que des étiquettes décolorées collées sur de vieilles bouteilles contenant toutes le même breuvage édulcoré et douteux.
L’idéologie commune aux quatre partis traditionnels se résume à un objectif principal : occuper le pouvoir, conserver le pouvoir, consommer le pouvoir. Dès lors, ils ne gouvernent pas.
La Belgique est-elle gouvernée ? La Wallonie est-elle gouvernée ? L’Europe est-elle gouvernée ? Poser la question, c’est y répondre.
Les vieux partis font semblant de gouverner.
Mais ils communiquent massivement. En permanence. Avec l’immense et dévoué concours d’une presse totalement couchée et complice.

Soyons de bon compte : M. Di Rupo est un bon communiquant. Il raconte tout et son contraire, et cela prend encore chez beaucoup d’électeurs. Il distribue à tout va son message apaisant, une sorte de « Jouvence de l’abbé Soury ».
Il nous dit : « Le gouvernement travaille comme jamais un gouvernement n’a travaillé ! Nous sommes parmi les meilleurs élèves de la classe européenne. Et ailleurs, c’est pire qu’ici ! Voyez le travail accompli par M. Demotte : la Wallonie se redresse, elle va mieux, elle va bien ! »
A cela près que ce discours relayé et bégayé par ces médias se heurte aux catastrophes à répétition qui frappent l’emploi wallon, d’Arcelor Mittal à Caterpillar.
Avez-vous écouté le discours pitoyable de M. Di Rupo sur Caterpillar à la télévision voici quelques jours ?
« C’est la faute à l’Europe, à la concurrence mondiale, à la crise !!! »
C’est vrai que l’Europe est à peu près nulle et qu’elle n’est plus que l’ombre de ce qu’elle devait être.
Mais qui soutient son impuissance et ses dysfonctionnements ? Qui a soutenu et voté en faveur de l’ouverture absolue et illimitée des frontières de l’Union ? C’est M. Di Rupo, c’est le PS, c’est l’ensemble des quatre partis traditionnels qui ont voté le Traité de Maestricht et tous les autres traités européens.
Et qui a accepté avec enthousiasme une monnaie unique à visée essentiellement politique – l’euro – sans convergence économique, sociale et fiscale ? Et qui a accepté une mondialisation sans contraintes et sans garde-fou ? Une mondialisation plus rude que celle voulue par les États-Unis eux-mêmes. Alors que la Chine et les pays émergents pratiquent sans complexe le protectionnisme lorsque cela convient à leurs intérêts.
Dès lors, comment s’étonner de la passivité et de l’impuissance du gouvernement wallon devant les drames qui déchirent à nouveau notre tissu économique et social, et qui vont se multiplier ?
Pour couronner le tout, la Flandre elle-même ne se laisse pas séduire par la bonne mine de M. Di Rupo ni par celle de ses ministres flamands minoritaires et otages des partis francophones belgicicistes.
La Flandre en a assez des vieux partis, elle en a assez des blocages imposés par les francophones au niveau fédéral, et surtout elle en a assez d’une Belgique et d’une monarchie qui sentent de plus en plus le sapin.
Autrefois, la Flandre proclamait que la Wallonie lui coûtait trop cher. Aujourd’hui, fait nouveau, c’est plus lourd de conséquences : le mouvement flamand estime que c’est l’État belge qui lui coûte trop cher !
Suivez mon regard : la crise ne rapproche pas la Flandre de la Belgique, elle l’en éloigne inexorablement. Résultat des courses : la Flandre est pressée de s’en aller. Les sondages sont éloquents : 40 % pour la N-VA, et seulement 14 % pour le CD&V !

Face à cette situation, les francophones (partis et médias) tentent de diaboliser la N-VA. Faire la morale aux autres fait plaisir à une partie des électeurs francophones.
Mais consommer de la « moraline » ne constitue pas une stratégie politique.
C’est même contre-productif : en attaquant sans cesse De Wever, on le victimise et on lui amène des flots de nouveaux électeurs.
Tout l’indique : la crise de 2014 pourrait être plus explosive que celle de 2010-2011.
Les responsables politiques wallons et bruxellois devraient anticiper et préparer une stratégie. Ils ne le font pas. Je crains qu’ils ne se préparent à de nouvelles capitulations, à de nouveaux abaissements, à de nouvelles lâchetés, avec pour objectif majeur le maintien d’une Belgique à tout prix même si elle est totalement soumise au protectorat flamand.

Notre devoir est de rester debout ! De tenir haut et droit le flambeau de la résistance. D’opposer notre projet à tous ceux qui nous conduisent au désastre.
Les graves événements à venir confirmeront toutes nos analyses.
Premier constat : le fédéralisme belge est un échec historique. Il n’a pas apaisé la revendication flamande, il n’a pas redressé l’économie wallonne, il n’a pas donné la paix communautaire.
Deuxième constat : le fédéralisme est devenu une nuisance pour la Wallonie (SNCB, armée, désindustrialisation, Bpost, etc.). Il faut donc y mettre un terme.
Troisième constat : le fédéralisme belge en crise est lié à la crise profonde du fédéralisme européen et réciproquement.

Le R.W.F. est présent pour accomplir une mission irremplaçable.

  • Dire aux Wallons et aux Bruxellois qu’il y a une issue et un espoir.

  • Dire aux Wallons et aux Bruxellois qu’ils ne seront pas orphelins quand la Belgique disparaîtra, car nous avons à côté de nous une maison de famille prête à nous accueillir.

  • Dire aux Wallons et aux Bruxellois : ne nous trompons pas d’adversaire ! Les partis officiels montrent du doigt la Flandre, alors que l’ennemi numéro un, c’est l’État belge ! Disant cela, nous ne sommes nullement les alliés objectifs du mouvement flamand. Nous condamnons sans réserve les atteintes aux Droits de l’Homme et aux libertés perpétrées par la Flandre. Et nous demeurons solidaires et respectueux des Bruxellois.

Ce que nous avons fait, c’est prendre acte de l’échec du fédéralisme belge et nous en tirons les bonnes conclusions.
Parti démocratique, social et républicain, le R.W.F. n’est pas nationaliste.
Nous ne faisons qu’adhérer à notre vraie patrie, la patrie française qui est aussi une vraie nation. La nation est bonne si elle est bien comprise. Jaurès l’a bien formulé : « C’est le seul bien de ceux qui n’ont rien. »
Le nationalisme n’est que la déformation honteuse et criminogène du patriotisme. Notre conception de la nation est saine et légitime. Il n’est pas tourné contre les autres parce qu’il repose sur une ambition et une fierté collective.
Notre ambition et notre fierté collectives – comme Français de l’extérieur – se nourrissent des valeurs communes, démocratiques et républicaines qui font la France depuis des siècles, et que la France nous a inoculées.
Ces valeurs-là n’existent pas et n’existeront pas dans le Wallo-Brux, ni dans le Bruxellistan, ni dans le Wallonistan.

Je conclus. Nous le voyons bien, il n’y a plus rien de bon à tirer de l’État belge et les Wallons doivent s’apprêter à vivre une période de grands bouleversements, nous conduisant à la sécurité dans un cadre français.
L’État fédéral belge ne protège plus les Wallons et les Bruxellois.
L’Union européenne ne protège plus les peuples, les emplois, les régions.
La Wallonie officielle, enfin, ne protège plus les Wallons contre leurs propres difficultés,
Il faut dès lors accélérer la partition de l’État belge, grâce à une négociations à l’amiable, civilisée. Sans quoi, le désordre et l’anarchie seront au rendez-vous.
Il faut internationaliser la crise post-belge, ce qui favorisera l’implication de la République française,
Enfin, il ne faut pas désespérer, car en politique comme dans la nature, un nouvel ordre succède toujours au désordre.

Chers militants, votre honneur et votre mission, c’est de continuer le combat.
Rien n’est perdu et tout est à gagner si notre détermination ne faillit pas.

Discours de Paul-Henry Gendebien prononcé le samedi 2 mars à notre Rencontre du Printemps.