L’avenir de l’Etat belge vu de France – article publié depuis 10 jours sur notre site et répercuté aujourd’hui par la presse francophone…

La Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a sorti en février 2012 un rapport sur l’avenir de l’Etat belge.
La méthode utilisée nous avait paru peu sérieuse dans la mesure où ce sont essentiellement des belgicains et des flamingants qui ont été sondés. Le R.W.F., qui compte à sa tête des économistes et des juristes, n’a pas été consulté. Puisque le sujet refait débat aujourd’hui, voici l’intégralité du rapport français (18 mai 2012). Le dossier fait aujourd’hui polémique dans La Libre
Ses conclusions montrent que la République doute largement de la survie à long terme de l’Etat belge.
Relevons ici deux interventions citées dans ce rapport de plus de 70 pages, celles de Jacques Myard (UMP) et de Christian Bataille (PS), ainsi qu’une courte conclusion.

D’autre part, les Français n’ont pas tort de déclarer que la N-VA a des relents fascistes : elle est occupée à absorber ou engloutir le Vlaams Belang, parti d’extrême droite condamné pour racisme, ce qui n’est évidemment pas sans orienter la future ligne politique de la N-VA.

Jacques Myard (UMP) :

[…] La situation est donc explosive. J’ai assisté à un congrès du mouvement rattachiste. Cette idée n’est pas encore très répandue mais figurez-vous que des maires de communes françaises limitrophes de la Wallonie avaient été invités et déclarèrent que si le rattachement avait un jour lieu, ils demanderaient à rejoindre la Wallonie devenue française. Je souhaite aussi dénoncer certaines méthodes fascistes utilisées, aujourd’hui, en Flandre, s’agissant notamment de la langue. Enfin, Bruxelles est un problème majeur et nul doute que ça va mal se passer lorsque sera abordé le sort de cette ville. En tout cas, ça fait 30 ans que les rapports de fin de mission des ambassadeurs de France en Belgique nous disent que « la Belgique n’existe plus ». La question que l’on doit se poser, c’est : que fera la France ? Ignorer le problème ou accepter la Wallonie, quand bien même ça ne plairait pas au Royaume-Uni ? Et puis, il faudra aussi tenir compte de l’enclave germanophone d’Eupen-Malmedy.

Quoiqu’il en soit, la Belgique est condamnée, c’est une construction artificielle qui ne tiendra pas et la seule question qui compte c’est comment la France traitera ce problème.

Christian Bataille (PS) :

J’ai une vision intime de la Belgique puisqu’une partie de ma famille vit près de Tournai et que ma circonscription est presque frontalière avec ce pays. Le Nord et la Belgique, c’est la même chose ! C’est le même pays ! Il n’y a aucune différence entre Valencienne et Mons, par exemple. Je suis d’accord avec notre collègue Jaques Myard lorsqu’il a invoqué l’histoire et, notamment, le Congrès de Vienne où Talleyrand, malgré son talent, n’a pu empêcher de rattacher la Belgique à la France. La Suisse a sans doute réussi là où la Belgique a échoué en raison d’un enracinement beaucoup plus ancien. Je ne suis pas allé au congrès des rattachistes mais je pense que la Belgique ne durera pas et que la France devra accueillir à bras ouverts la Wallonie. De tout ça, il faut tirer une leçon : notre période n’aime pas les solidarités. A l’échelle européenne, les Allemands ne veulent pas payer pour la Grèce. En Italie, Milan ne veut pas payer pour Naples. Et en Belgique, les Anversois ne veulent pas payer pour les Wallons qui passent à leurs yeux pour être tous paresseux, chômeurs et au crochet de la sécurité sociale. Et puis se pose aussi le problème de Bruxelles qui n’évoluera pas, je pense, sur le modèle de Washington DC, c’est à titre d’un territoire fédéral européen. Car un Bruxelles indépendant serait un Bruxelles francophone et, de ça, les Flamands ne veulent pas. Permettez-moi, pour conclure, de dire que j’ai trouvé les rapporteurs bien indulgents vis-à-vis de Bart De Wever. Car une des composantes du NVA est bel et bien fasciste !

Synthèse de la conclusion des rapporteurs :

Le processus d’éloignement n’est probablement pas arrivé à son terme.
Par sa durée, sa profondeur et les modalités de sa conclusion, la crise de 2010-2011, qui a succédé à une crise similaire intervenue à l’ouverture de la législature précédente, a ouvert des portes que l’on aurait pu croire fermées : le débat institutionnel n’est pas clos par les avancées inscrites dans l’accord de gouvernement.
D’ailleurs, celui-ci ne mettra pas un terme aux dynamiques d’affirmation nationale qui irriguent les évolutions politiques de la Belgique depuis des décennies.