Belgique et Pays-Bas : deux culs-de-jatte ne font pas un homme valide

Il est aberrant que l’armée belge, sous la pression de la Flandre majoritaire, s’adosse aux Pays-Bas.
Cette nation aux qualités guerrières peu évidentes est restée neutre en 14-18 et a interné la plupart des réfugiés belges dans des baraquements, s’est effondrée quatre jours après l’invasion allemande en mai 40. Pire ! cette armée a été condamnée pour sa passivité en Bosnie lors du massacre des musulmans de Srebrenica par les milices serbes en 1995.

La logique des choses voudrait que l’Etat belge privilégie une coopération avec la France dont l’armée est la mieux notée de l’Union européenne (depuis le Brexit) et qui est dotée de l’arme nucléaire. Rappelons-le : l’armée française, après la  Révolution de 1830, est venue à notre secours en 1831 et 1832 contre le retour invasif des Pays-Bas (!), ainsi qu’en 1914 et 1940 pour défendre la neutralité de la Belgique bafouée par les Allemands.

De façon pragmatique, cette coopération aurait des retombées sur l’aéronautique et la logistique wallonnes très performantes.

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Onno Eichelsheim et Michel Hofman, commandants en chef des forces armées néerlandaises et belges, dans une double interview exclusive, tirent la sonnette d’alarme sur l’état de la Défense, et le besoin urgent de milliards d’investissements. « Nous sommes attaqués quotidiennement par la Fédération de Russie (cyberattaques et autres). »

Extrait de l’article de Jeroen Zuallaert publié dans le Knack de ce 28 juillet

A quoi voulez-vous dépenser tout cet argent ?
[note : le budget militaire néerlandais va atteindre 1,8% du PIB]

Eichelsheim (P-B) : L’intention n’est pas nécessairement d’acheter toutes sortes de nouveaux systèmes d’armement. En ce moment, nos navires sont à quai et nos avions sont souvent cloués au sol parce que nous n’avons pas d’argent pour la formation. À plus de la moitié des demandes de participation à une mission que nous recevons de l’OTAN, je dois répondre par la négative. Les forces armées néerlandaises sont axées sur les opérations expéditionnaires : aller rapidement sur le terrain pour éliminer un ennemi. Ce n’est plus possible aujourd’hui, car nous ne disposons tout simplement pas des capacités de soutien nécessaires : logistique, pièces de rechange, personnel de maintenance, soutien médical… Nous n’avons pas assez de mortiers pour soutenir les troupes lorsqu’elles sont engagées dans des combats lourds.

De combien avons-nous besoin en Belgique, Amiral Hofman ?

Hofman : Je n’émettrai pas de chiffre à ce sujet. Notre trajectoire de croissance nous amènerait à 1,24% du PIB en 2024. On est encore loin de la moyenne européenne. L’enjeu est pourtant clair : nous devons tout faire pour maintenir nos capacités actuelles. Il ne sert à rien de proposer des capacités au sein de l’OTAN si nous ne pouvons pas les déployer. Vous avez besoin de munitions, de carburant et de pièces de rechange afin de pouvoir vous entraîner de manière adéquate. Nous ne pouvons pas accepter que nos unités ne soient pas en mesure de combattre après deux semaines parce qu’elles n’ont plus de munitions [sic].

Eichelsheim : La Belgique et les Pays-Bas se sentent en sécurité, bien sûr, parce que nos alliés font une grande partie du travail en ce moment. Aujourd’hui, nous sommes complètement dépendants de notre allié américain. C’est insoutenable à long terme. On ne peut pas attendre des autres membres d’une alliance qu’ils nous viennent en aide et les abandonner quand nous devons faire le travail nous-mêmes.

Une conclusion positive en faveur des Pays-Bas de Michel Hofman : « Nous pouvons encore apprendre beaucoup des Pays-Bas dans le domaine cybernétique. »