Bernard Anselme ou le verre de trop

Dans une interview accordée à La Libre en début de semaine, Bernard Anselme qui fut président de l’exécutif de la Région wallonne de 1988 à 1992 et de la Communauté française de 1992 à 1993 prétendait que Paul-Heny Gendebien avait voté contre Namur comme capitale de sa région. C’est évidemment faux. Un condensé de son droit de réponse a paru dans La Libre de ce jour. En voici le texte in extenso.

« La désignation de Namur comme capitale wallonne fut un des événements marquants de la législature 1985-1987. A cet égard, les déclarations de M. Bernard Anselme, dans votre journal en date du 15 avril, méritent une indispensable mise au point.
J’étais à l’époque député de Namur associé au PSC (à travers l’ADW, Alliance Démocratique Wallonne) et j’exerçais la fonction de chef de groupe PSC au Parlement wallon. Le gouvernement régional, dirigé par Melchior Watelet père, s’appuyait sur une courte majorité PSC-PRL (catholique-libérale) de 52 sièges contre 51 pour l’opposition socialiste-écologiste. Les ministres régionaux siégeaient à  Bruxelles et le Parlement à Namur, mais sans base légale claire.
Les députés socialistes Anselme et Collignon déposèrent alors, en 1986, une proposition de décret en vue de fixer le siège et la capitale des institutions wallonnes à Namur. Elle fut largement approuvée après de vives polémiques, grâce à un apport significatif en provenance de  la majorité. Affirmer, comme se le permet M. Anselme, que c’est grâce à l’écologiste liégeois Daras, n’est pas exact. Certes, José Daras eut le mérite d’approuver  le décret, et avec lui deux autres députés écologistes. Cependant, leurs votes eussent été insuffisants dans la mesure où l’opposition socialiste-écologiste  ne disposait au total que de que 51 voix contre 52 pour la majorité PSC-PRL. Sans la majorité, le décret ne passait pas.
M. Anselme prétend par ailleurs que le PSC et le PRL ne voulaient pas choisir Namur et préféraient Bruxelles. Cela n’étant vrai que pour une partie seulement de ces formations politiques. Les ministres fédéraux ne voulaient pas de Namur. Jean Gol déclara textuellement qu’il connaissait une capitale plus prestigieuse que Namur pour la Wallonie, à savoir Paris. Un autre chef libéral, encore vivant, affirma dans un hebdomadaire qu’il était « honteux » de siéger à Namur !
Quant aux ministres régionaux, ils étaient hésitants ou n’osaient pas se distancer des fédéraux. Pour leur part les groupes parlementaires de la majorité étaient divisés.
J’étais favorable à Namur, naturellement, comme régionaliste et comme député, de cette ville. Qui aurait pu penser que les Ecossais auraient choisi Londres comme capitale régionale, ou les Catalans Madrid, comme siège de la Généralité… ? J’entrepris donc de négocier des amendements au texte socialiste, permettant ainsi à l’aile la plus wallonne de la majorité d’apporter son concours. Une douzaine de voix PSC-PRL  complétèrent heureusement celles du libéral  verviétois Damseaux et du démocrate-chrétien namurois Taquin.
M. Bernard Anselme a « oublié « tout cela et ose affirmer que j’ai voté contre tout ». Il y a là une contre-vérité absolue et exceptionnelle. Des socialistes respectueux  m’ont donné raison après la publication de l’interview  et m’ont autorisé à les citer, il s’agit de Jean-Maurice Dehousse et de Robert Collignon. On aura également confirmation de ses dires en consultant les  comptes rendus officiels des séances du Parlement wallon. Au nom de la vérité et de l’histoire, il convenait de rectifier les allégations de M. Anselme. »

Pau-Henry Gendebien