Ils ont détourné les Wallons de la politique

La neuvième édition de l’Index démocratique annuel publié par « The Economist » contient une vision sombre de la Belgique. Notre monarchie fédérale arrive 35e mondiale, derrière l’Italie, l’Inde, le Botswana, et… les Etats-Unis de Trump. Dans la catégorie Europe de l’Ouest, elle se classe 18e, précédant seulement Chypre, la Grèce et la Turquie. Contrairement à la plupart de ses voisins, elle n’est pas classée parmi les « démocraties à part entière », mais comme une « démocratie viciée ». Face à un jugement si lourd, la question s’impose : que peut-il y avoir de tellement grave ?

En observant la répartition des points obtenus, la raison d’une telle évaluation ressort distinctement : le score belge est extrêmement bas pour la participation politique, en net contraste avec les autres démocraties européennes.

Participation politique

La Belgique se classe dernière de toutes les nations européennes pour la participation politique (notée 5 sur 10). Cette performance abyssale est due à plusieurs aspects. L’adhésion aux partis politiques est basse (4,85 % de l’électorat en 2010 selon une étude de l’ULB) et la participation libre à des associations de la société civile (ce qui exclut celles appartenant aux piliers des partis) est loin d’être commune. Le niveau d’intérêt pour la politique, ici testé avec des enquêtes d’opinion publique comme la World Values Survey et Eurobaromètre, tire le score belge vers le bas. La proportion de ceux qui sont prêts à se rendre à une manifestation légale, ou qui suivent l’actualité politique quotidiennement est insuffisante. Finalement, le taux de vote est considéré comme une variable importante… sauf quand le vote est obligatoire, comme c’est le cas en Belgique. Un récent sondage a néanmoins établi que 36 % d’interrogés belges seraient aussi heureux sans droit de vote.

Plus fondamentalement, les efforts fournis par les autorités pour promouvoir la participation font partie du tableau. Évidemment, l’État n’est pas un acteur comme les autres. Si les institutions se dérobent à leur rôle de soutien, les chances que la participation augmente deviennent minces. L’on pourrait discuter des efforts actuels de la Belgique. Mais dans les faits, bien plus peut-être fait que ce qui est effectivement mis en œuvre.

Notre avis :

  • la presse belge d’investigation ou critique à l’égard du système est inexistante en Belgique francophone, contrairement à la France où les médias alternatifs foisonnent.
  • Les « petits partis » (potentiellement émergents) n’ont quasi aucune chance de se faire entendre auprès du grand public à cause de l’extrême politisation des médias, en particulier la RTBF et RTL.
    Contrairement à ce qui passe chez nous, le temps de parole en période de campagne électorale en France est égal pour tous, petits ou grands partis.
  • Un système particratique qui permet à tous les partis traditionnels de se retrouver en toute occasion à un quelconque niveau de pouvoir (fédéral, régional, communautaire, provincial, etc.) !
  • L’impunité quasi totale dont jouissent des mandataires mêlés à des « affaires » plus incroyables les unes que les autres.
  • Ne formant pas une vraie nation, les Wallons n’éprouvent que peu d’intérêt pour la politique « nationale » monopolisée par la Flandre et Bruxelles. Ils sont beaucoup plus nombreux à s’intéresser à ce qui se passe en France.

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