Maingain le dernier des belgicains

En son temps, nous avons eu des contacts amicaux avec de nombreux membres et mandataires de l’ex-FDF. Nous partagions souvent la même analyse en ce qui concerne les mesures vexatoires et les projets antifrancophones du Mouvement flamand avec la bénédiction du Ministre de tutelle Geert Bourgeois et du grand manitou Bard De Wever. Malheureusement, il faut bien constater que DEFI (« défi au bon sens », serait-on tenté de dire d’un point de vue réunioniste) se profile toujours plus dans un cadre belgicain. Son projet : conforter une Fédération Wallonie-Bruxelles dans la perspective d’une Belgique confédérale, souhaitée par la Flandre pour des raisons moins avouables, afin de sauver la Belgique et sa monarchie prolifique.
Il ne faut jamais oublier que l’ex-FDF a laissé passer de désastreux accords qui octroient quasi d’office un échevin flamand par commune bruxelloise. Ce qui constitue une entrave catastrophique au principe sacré du suffrage universel. Olivier Maingain, chef de clan de Woluwé-Saint-Lambert, n’a pas hésité à utiliser cette possibilité afin d’alimenter sa trésorerie puisqu’une prime est attachée à la désignation d’un échevin néerlandophone.

Un des drames de DEFI, c’est que certains membres du parti (minoritaires par rapport aux Bruxellois belgicains) sont rattachistes de cœur, mais en l’occurrence il s’agit de rattachistes honteux qui ont donné la préférence aux charmes supposés du pouvoir localiste par rapport à leur idéal républicain.
Olivier Maingain n’a-t-il pas dit un jour : « Il faut renforcer Bruxelles pour sauver la Belgique » (et la monarchie, cela va de soi).
Pourtant en 2002, c’est le même asticot qui confiait à RTL : « Si suite à la poussée du nationalisme flamand – et je ne suis pas demandeur – l’État belge va vers l’éclatement, et on sera vite amené à voir quels sont les francophones décidés à tenir tête à ce nationalisme flamand, et que l’État belge éclate – ce qui n’est pas mon choix – je ne suis pas non plus partisan de la République des bords de Meuse avec José Happart pour président (…) Alors autant participer à la vie d’un grand État et d’une grande Nation. »
Comprenne qui pourra !

Il est évident que DEFI se présente dans son arrière-cour de Wallonie pour obtenir quelques mandats juteux et un supplément de dotation publique généreusement accordé par l’Etat belge. Et non par idéal politique.
De  même, il convient de noter que DEFI est devenu l’enfant chéri des médias belges officiels puisque ceux-ci ont consacré une longue séquence à son Congrès électoral de 2018 (communales  et provinciales). C’est d’autant plus piquant que ce Congrès n’a réuni que 300 personnes alors que notre Congrès de 2009 avait rassemblé près de 500 membres dans le même lieu, sans recueillir une minute d’audience où que ce soit !
Quoi de plus logique dans la mesure où DEFI ne représente aucun danger pour l’Etat belgo-flamand et contribue au quotidien à la gestion d’un système particratique où le copinage est roi.

Le DEFI à la sauce wallonne est un parti comme les autres (PS-CDH-MR-ECOLO) : il veut humer le fumet du pouvoir. Comme à Bruxelles où il soutient sans vergogne un PS plus douteux que jamais.
Enfin, rappelons que depuis des décennies, l’ex-FDF n’a jamais rien obtenu pour les francophones. BHV est exemplaire à cet égard : un Waterloo en rase campagne. Maints gains toujours suivis de maintes pertes en quelque sorte…
A notre humble avis et cela nous fait mal de l’écrire ici, Olivier Maingain est une girouette. Il va toujours dans le sens du pouvoir comme le coucou lorgne le nid de son voisin. Il n’a pas non plus de pensée politique (ses belles phrases ne trompent que ceux qui les croient entre deux cavas de qualité médiocre). Pour preuve, aucun ouvrage digne de ce nom n’est jamais sorti de la plume émoussée d’Olivier Maingain.

Plus cocasse ou affligeant selon les sensibilités, dans une interview accordée au Knack en janvier 2014, Olivier Maingain a cru intelligent de lâcher une vanne en faveur de ses « beste vrienden », les Flamands, qui n’en demandaient pas tant. Un rare exemple de servilité volontaire compte tenu du fait que les francophones de Flandre n’obtiendront plus jamais la moindre facilité linguistique en région flamande et dans la périphérie de Bruxelles.  Dixit olibrius Maingain :
« Dans ma commune, je suis un exemple de tolérance envers la communauté flamande qui y est représentée. Je suis pour le respect des minorités. Je pense ainsi que les Flamands, établis en Wallonie, devraient pouvoir y développer leur culture et obtenir leurs papiers en néerlandais. Je suis le premier à les soutenir dans ces demandes. »
Pour la bonne bouche, nous avons retrouvé cette interview d’Olivier Maingain accordée au Vif en février 2014. Il y revendiquait fièrement ses racines flamandes, ce qui n’est évidemment pas un mal en soi, mais il répercutait par la même occasion plusieurs clichés sur la Wallonie et les Wallons.
Ainsi, ce serait sa mère flamande (née à Alost) qui lui aurait « donné l’exigence flamande du travail bien fait. » Pour lui, « les bourgeois fransquillons (sic) qui se retranchent dans des clubs selects où l’on s’exprime en français, à Gand ou à Anvers, ce sont les premiers à voter N-VA, pour des raisons à la limite de l’extrême droite. »
Et de conclure sur une note très flamande et très clichée : « Entre Flamands et Wallons, il y a un contraste de comportement que j’ai pu observer. On croit parfois que les Flamands ne font que travailler (ndr : et donc pas les Wallons). Non, non ! Ils font la fête aussi. Ce n’est pas l’austérité des Pays-Bas. Mais en Flandre, quand on travaille, on travaille ! La coupure avec le reste est très nette. En Wallonie, au contraire, on mélange les deux, on peut s’amuser sur le lieu de travail. »

Un flamingant borné n’aurait pas dit autre chose !

Publié pour la première fois en mai 2018

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